A aucun moment, il n'a été question de l'envoi de troupes algériennes en Irak. Dans un entretien accordé ce mercredi à la Chaîne I, le représentant personnel de Kofi Annan pour cette région dira que «les propos rapportés par la presse quant à l'objectif de ma visite en Algérie à savoir tenter de convaincre les responsables algériens de soutenir cette initiative, ne sont pas fondés.» Il a par ailleurs précisé que les entretiens qu'il a eus avec le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika et le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem, «ont porté, essentiellement, sur l'Algérie et les questions qui l'intéressent ainsi que sur la situation en Irak». «En sa qualité de président arabe, M.Abdelaziz Bouteflika ne peut qu'exprimer son intérêt pour cette question d'autant plus que l'Algérie se prépare à abriter le prochain sommet arabe et que la question irakienne sera inscrite à l'ordre du jour», a-t-il ajouté. A une question sur l'initiative saoudienne concernant l'envoi de troupes arabes et islamiques, il répondra que «l'idée est toujours en débat et n'est qu'une simple proposition». S'agissant du rôle de l'ONU en Irak, M.Brahimi indiquera que le plus urgent, pour le moment, est la tenue du Congrès national irakien qui été ajourné, à la demande de l'ONU, à la mi-septembre car, dira-t-il, les conditions «n'y étaient pas favorables».«L'ONU oeuvre à aider à l'organisation d'élections au début de l'année prochaine», a ajouté M.Brahimi, soulignant la contribution onusienne à «la constitution de la commission nationale indépendante qui supervisera l'organisation de ces élections et la préparation d'un climat favorable». Une délégation onusienne présidée par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, M.Kofi Annan, se rendra prochainement en Irak, après réunion des conditions sécuritaires dans ce pays, a précisé M.Brahimi. La situation prévalant en Irak est «très difficile et complexe» du fait de l'ancien régime, des trois guerres successives et des sanctions lourdes ayant accablé ce pays dix ans durant, «ce qui a ébranlé la souveraineté de son peuple et ses fondements et détruit ses infrastructures de base». Par ailleurs, M.Brahimi s'est dit optimiste quant à l'amélioration de la situation dans ce pays, aux court et long termes, car le peuple irakien, dira-t-il, «a une histoire séculaire et a vécu des crises multiples qu'il a su surmonter». Il appellera, à cet égard, les pays arabes et la communauté internationale à «aider l'Irak à se remettre sur pied, à se reconstruire sur des bases meilleures, à préserver son unité territoriale et à rétablir le rôle de l'Etat». Il a en outre imputé aux Etats-Unis la responsabilité de ce qui s'est passé en Irak d'autant plus qu'il s'est avéré que la cause directe du déclenchement de la guerre en Irak * détention d'armes de destruction massive - n'est pas fondée et que la présence des Etats-Unis dans ce pays n'est plus nécessaire. Pour ce qui est de la situation au Moyen-Orient, M.Brahimi a réitéré sa dénonciation de la politique d'oppression israélienne «injuste et cruelle». Il dira que cette politique «est la source même de tous les problèmes majeurs dans la région et des souffrances du peuple palestinien». Il a, par ailleurs, réitéré son attachement à sa position soutenant la cause palestinienne en dépit des violentes réactions de certains médias et journalistes américains. S'agissant du projet du Grand Moyen-Orient, M.Brahimi s'est interrogé sur l'objectif de ce projet, mettant en doute sa crédibilité. Il a rappelé que «le peuple palestinien souffre depuis cinquante ans d'une crise sans que nul ne bouge le petit doigt». Evaluant la situation en Algérie, M.Brahimi se dira satisfait de l'amélioration de la situation et du climat prévalant dans le pays, après «la fin du cauchemar vécu par l'Algérie durant les années 90», espérant, enfin, que l'Algérie retrouvera sa place légitime dans le concert des nations.