Il ne sert à rien d'exiger la ceinture de sécurité quand les freins ne sont pas contrôlés. Les routes algériennes sont connues pour être des mouroirs. Un constat lamentable qui place l'Algérie à la triste et peu enviable 4e place mondiale derrière les Etats-Unis, l'Italie et la France et à la 1re place au niveau du Maghreb et du monde arabe. La campagne de sensibilisation, initiée par le Contrôle technique automobiles (Cota) à travers plusieurs wilayas du pays et qui a pris fin samedi, a permis aux responsables d'établir un premier bilan, loin d'être reluisant quant au respect de la réglementation en vigueur. Les chiffres sont effarants. Sur les 8000 véhicules de tourisme contrôlés, affirme Ali Touahri, P.DG de Cota, «50% ne sont pas conformes». Il y a lieu de signaler que les voitures soumises au contrôle ayant porté sur les freins, les pneumatiques et les fuites de gaz, durant cette campagne, sont des véhicules dont l'âge dépasse les 10 ans. En outre, regrette le même responsable «30% des citoyens ne connaissent même pas l'existence du contrôle technique automobile et encore moins la réglementation» et de préciser «sur les 8000 véhicules contrôlés, 20% ont des P.V périmés notamment ceux ayant plus de 20 ans d'âge». Aussi, pour ce responsable il ne sert à rien «d'exiger des automobilistes la ceinture de sécurité quand les freins ne sont guère contrôlés systématiquement ni que le PV du Cota n'est demandé lors des contrôles de routine». En effet, le P.V de contrôle technique est rendu obligatoire par la loi et doit être présenté lors des contrôles effectués par les agents des services de sécurité et de la Gendarmerie nationale. Sur un autre plan, cette campagne aura permis aux spécialistes d'établir de nouvelles statistiques pour récuser la thèse que 95% des accidents sont dus au facteur humain. Les nouveaux contrôles permettent aux spécialistes en la matière d'affirmer que les véhicules participent à hauteur de 30% dans les causes des accidents de la route pour des raisons de défaillance mécanique. Et quand on sait que la moyenne d'âge du parc automobile de tourisme dépasse les 15 ans, il y a de quoi donner le tournis. Aussi, il est à déplorer le manque de civisme de certains automobilistes qui n'ont pas respecté la loi. En effet, on apprend que plus de 1,5 million de véhicules n'ont pas été soumis au contrôle pourtant rendu obligatoire par la loi. Ceci s'explique, selon certains observateurs, par le fait que le document en question n'est pas exigé lors des contrôles de route effectués par les différents éléments de la sûreté routière. Pourtant il a été décidé, à partir de mars dernier, l'application d'une peine d'emprisonnement de deux à six mois pour les automobilistes récalcitrants, en plus d'une amende allant de 1500 à 5000 DA avec la mise en fourrière du véhicule. Or, chacun sait que les lois ne peuvent être effectives qu'à travers les textes d'application qui, normalement, devraient être préparés simultanément. Au lieu de cela, on repousse sans cesse les délais sans se rendre compte des dégâts que cela peut occasionner. Et dans le cas où les résolutions prises ne sont pas suivies d'une application stricte sur le terrain, toutes ces mesures resteront un simple habillage. Quant à la mauvaise conscience, la route est libre. Circulez, il n'y a rien à voir.