Le 8e congrès ordinaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se tiendra les 16 et 17 mars prochain. C'est pour la première fois que le MSP essaie coûte que coûte d'estomper les clivages qui rongent le parti. Le président sortant de la direction du MSP, Abderrezak Makri en l'occurrence, n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur ce qu'il qualifie de «personnes cultivant la haine et l'imposture, en catimini, au sein du Mouvement, depuis sa création», a-t-il tempêté. Ce ton exprimé par le premier homme du MSP, renseigne sur la crise profonde qui secoue la maison MSP, sur fond de guerre de succession qui risque de faire du 8e congrès ordinaire un prolongement du statu quo, c'est-à-dire un congrès qui se soldera par le maintien de Makri à travers les candidats potentiels qui sont très proches de lui, selon certaines sources lui émanant de la direction du MSP. L'accusation portée par Makri contre ceux qu'il qualifie d'«imposteurs et de haineux» est vue par le clan que préside Aboudjerra Soltani comme une sorte de coup déloyal digne d'un «coup de Jarnac» à l'adresse des militants dont le seul crime qu'ils ont commis, c'est bien d'avoir fait part de leur démarche, la qualifiant de «mesure visant à faire face à toute forme qui cherche à faire de la succession un nouveau mode opératoire au sein du parti». L'échange des déclarations acerbes, dans le cadre de la lutte des clans au sein du MSP, montre, on ne peut mieux, que le 8e congrès se tiendra dans un climat délétère où l'absence de consensus risque de donner naissance à une nouvelle direction frappée de «défectuosité» et qui sera source d'exacerbation de la crise interne au sein du parti. L'ancien ministre de l'Industrie et de la Restructuration dans le gouvernement d'Ahmed Benbitour, Abdelmadjid Menasra, s'est déjà porté candidat. Il n'a pas de divergences avec Makri, bien au contraire, c'est durant les deux mandats du président sortant qu'il a pu réinté- grer les rangs du parti sous forme de fusion, alors qu'il était un transfuge du parti durant la période où Aboudjerra Soltani était à la tête du MSP, après le décès de Mahfoud Nahnah. Menasra avait déclaré que «la différence se verra dans les détails et non sur les principes fondamentaux», allusion faite au président sortant, à savoir Abderrezak Makri. Une manière d'exprimer son soutien à la démarche de Makri, qui a prévalu depuis une décennie au sein du MSP. L'intention de candidature de Hassan Abdelli, un autre proche de Abderrezak Makri, a déclenché la guéguerre entre les clans au sein du Mouvement. Cette démarche a été traitée par les «adversaires» de Makri, au sein du MSP, d'une «nouvelle manière de perpétuer la notion de succession «wiratha» (héritage), ce qui est contraire au fonctionnement du parti et de son organisation», ont martelé les adversaires du Makri et de son clan. Le président de la commission de préparation du congrès a rencontré les anciens présidents du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi et Tayeb Aziz. Cette rencontre a été interprétée par les militants de base comme étant une intention de la part des représentants du clan qu'incarne Aboudjerra Soltani de se porter candidats afin de «barrer» la route aux candidats qui font le lit du clan de Abderrezak Makri. La crise est profonde, ce qui a nécessité l'intervention de Aboudjerra Soltani à travers une missive caractérisée par un ton belliqueux, montrant ainsi le niveau de «malentendu» qui frappe de plein fouet le MSP à travers la lutte des clans qui devient de plus en plus visible et manifeste. Il n'est pas sûr que les travaux du 8e congrès ordinaire de Mouvement de la société pour la paix (MSP) se dérouleront dans la sérénité. La crise est telle que les clivages vont voir le jour lors de l'ouverture solennelle desdits travaux. Le mouvement islamiste qui a été qualifié par certains, de modéré, ne donne nullement cette impression, surtout lorsqu'on constate comment les préparatifs du 8e congrès se déroulent. La lutte des clans au sein du MSP est déterminée sur la base d'une «dichotomie» qui se manifeste entre le clan qui veut revenir au pouvoir, à l'approche qui prévalait avant l'investiture de Makri comme président du parti, c'est-à-dire la participation au sein du gouvernement et de ceux qui rejeté, d'emblée, cette participation. Le désaccord est exprimé à travers cette démarche qui se veut antagonique entre les deux clans, qui constituent la trame de fond des clivages au sein du MSP.