Fraîchement débarqué d'Annaba où il s'est produit à l'Institut français, et ce, après Constantine, Dendana ou Nassim Dendane est venu mardi se produire à l'Institut français d'Alger, accompagné qu'il était à la guitare par Nazim Bakour, à la guitare électrique par Nazim Mohammedi, à la basse par Nadjib Gamoura et à la batterie par Hassane Khoualef. Durant prés de deux heures, Dendana fera partager avec le public algérien les morceaux de son dernier album baptisé ´´Chadi madi´´. mais aussi quelques titres de son ancien album, intitulé «Je n'ai pas les mots». La salle est vite chauffée! C'est avec «Salatou», titre repris du patrimoine sahraoui algérien qu'il ouvrira le bal, en donnant le «la» à une soirée bien bouillante qui alliera transe et ballade aérienne. Car la musique de Dendana est sans frontière et cela s'entend! Interagissant avec le public, Nassim Dendane, de son vrai nom, le chanteur compositeur égrena ainsi les morceaux de son nouvel album non sans faire participer le jeune public qui est venu en force assister au concert, quitte à s'asseoir par terre sur les escaliers. Générosité et humanisme En effet, la salle de l'Ifa s'est avérée trop exigüe pour contenir tout ce monde dont beaucoup est resté dehors malgré la confirmation de sa réservation. «Salamat», «Sahraoui», «Finek», «Amen», «Chadi madi», «Mouley», «chanson d'autrefois» et autres singles ont permis au public de se défouler sur des morceaux le plus souvent engagés, reflétant les maux de la société algérienne, mais aussi les misères qui minent le monde en général, comme la pauvreté, les sans- abri à Paris, l'escroquerie, la flagornerie et autres injustices sociopolitiques. Avec le verbe haut et chantant pour la plupart du temps en arabe dialectal, alternant avec des morceaux en français, rehaussés d'un petit clin d'oeil à notre patrimoine comme ce -«ya rebi kheli lahl yemchi aâla halou» comme prélude à un morceau autrement plus étonnant, l'artiste donnera le meilleur de lui-même comme pour rappeler d'où il vient et en affirmant bien fort «je ne vous ai pas oublié. Je ne vous oublierai pas!».De l'amour aussi figurait parmi les thèmes interprétés parmi la panoplie de toutes ces chansons où la musique se voudra un vrai voyage sensoriel. Un melting-pot de sonorités qui évoque le blues, le rock, le jazz gnaoui, y compris le raï et la ballade fleurette des îles... Entre exil, nostalgie et célébration de la vie, Nassim Dendane saura nous faire transmettre son émotion, telle une bête de scène, mais flanqué d'un je ne sais quoi de douceur et de tendresse envers l'humain qui le caractérise. Ouverture sur le monde Rappelons que Nassim Dendane alias DenDana, est un auteur compositeur- interprète, né en 1988 à Tlemcen - une ville aux traditions arabo-andalouses - dans une famille de musiciens: son père est professeur de solfège au conservatoire. Découvert par les radios algériennes avec ses premières reprises de Bob Marley, Nassim Dendane s'envole vers la France pour suivre des études de Médiation des arts du spectacle en 2010. Non! Nassim ne jouera pas de la musique andalouse, comme le voudrait la tradition. Son désir est beaucoup plus grand que ça. Son ouverture sur le monde est l'attrait principal de sa musique qui allie principalement les rythmes occidentaux aux tempos africains. En 2013, Nassim Dendane son 1er album en tant qu'auteur-compositeur «DenDana Project» (Editions Padidou). Succès naissant, il fait une cinquantaine de dates dont certaines avec Cheikh Sidi Bémol, Gnawa Diffusionn, Fanfaraï, L'Orchestre National de Barbès et Kasav'... En 2016, son 2ème album «Melody» sorti chez Inouïe Distribution. Avec un flow remarquable et une présence sur scène des plus remarquées, seul avec sa guitare ou accompagné de ses musiciens, Nassim donnera à voir un artiste au multiple talent renvoyant à un contraste entre son allure réservée parfois et la force tranquille, mais bien rock qui se dégage de lui sur scène. C'est ce double tempérament entre glace et feu qui fait le charme de l'artiste- deux fois papa- et dont la fougue du rebelle est aisément discernable. Un artiste vrai et libre, par ses idées, ses pensées et ses mélodies.. À noter que Dendana se produira le 16 mars au théâtre régional d'Oran et le 18 mars à la Maison de la culture de Tlemcen où il entamera un réel retour aux sources cette fois, chez lui dans sa ville natale.