Le 8e congrès ordinaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se tient, aujourd'hui, au Palais des expositions (Safex). La base militante du MSP est circonspecte quant au déroulement de ce congrès et de ses résultats. Il est question de grands clivages qui entravent sérieusement le fonctionnement des structures du mouvement sur fond de guerre clanique qui ne fait qu'être exacerbée de plus en plus. Le président sortant du mouvement, Abderrezak Makri en l'occurrence, a, certes, joué le jeu de l'alternance partisane, sur le plan formel, mais les coulisses des préparatifs du 8e congrès ordinaire, laissent entendre que des manipulations et des intrigues ont été opérées pour pouvoir maintenir l'équipe de Makri à la tête, du Mouvement. D'ailleurs, un mois avant la tenue du 8e congrès, la crise interne a éclaté en plein jour. Les deux clans dominants au sein du Mouvement de la société pour la paix (MSP), à savoir le clan de Aboudjerra Soltani et celui de Abderrezak Makri ont, depuis le décès du fondateur du Mouvement, Mahfoud Nahnah, rivalisé d'une manière acharnée dans la perspective de «s'emparer» du Mouvement et lui imprimer leur propre démarche idéologique. Il faut dire que le MSP n'est plus ce qu'il était avant. La situation de la mouvance islamiste, au niveau international, est caractérisée par le reflux et l'impasse qui est devenue presque chronique. L'exemple de l'Organisation des Frères musulmans en égypte et en Tunisie, Ennahda de Rached el Ghannouchi dans la circonstance, est plus qu'édifiant quant à la débâcle dans laquelle elle s'est retrouvée. Le recul du mouvement islamiste est flagrant en Turquie, cette situation n'arrange pas les affaires du MSP qui s'adonnait à un jeu d'alliances où la coordination avec l'Internationale islamiste coiffée par l'Organisation des Frères musulmans s'exprimait d'une manière claire. Mais le MSP est surtout frappé par une crise interne dont la lutte des appareils est le premier des symptômes que révèlent le mouvement. C'est la première fois que le MSP n'arrive pas à dégager plusieurs candidats à la présidence du Mouvement. C'est dire que le parti du défunt Mahfoud Nahnah traverse une véritable crise structurelle qui menace son fonctionnement. La bataille est rude concernant le choix de l'homme idoine et providentiel qui aura la capacité d'assumer la tâche de gérer le MSP en tenant compte de la guerre des clans qui ne fait que s'amplifier au fur et à mesure. La candidature de Abdelmadjid Menasra, ex-ministre de l'Industrie et de la Restructuration, semble être le seul candidat, d'après certaines informations glanées au niveau de la base du MSP, qui a la chance de succéder au président sortant, Abderrezak Makri. Menasra croit bien faire de se présenter comme candidat de la troisième voie, dans le but d'éviter au MSP une espèce d'implosion de l'intérieur. Ce qui est sûr, pour ce qui est de la candidature de Menasra, c'est que le clan d'Aboudjerra Soltani considère cette opération comme une «manipulation» fomentée par Makri et ses adeptes, pour ne laisser aucune chance aux candidats du clan d'Aboudjerra Soltani d'avoir le dessus sur les tenants et les aboutissants du 8e congrès. Officiellement, il n'y a que deux candidats afin de succéder à Abderrezak Makri au poste du président du MSP. Il s'agit de Abdelmadjid Menasra et de Hassan Abdelli. Il faut dire que ce dernier est classé par le clan d'Aboudjerra Soltani comme élément de Abderrezak Makri. Cette donne considère le courant de Makri comme gagnant durant le déroulement du colloque jusqu'à l'élection de son président et de la nouvelle direction. Mais d'ici là, la situation pourrait connaître une évolution qui changera complètement les données. c'est-à-dire que le groupe d'Aboudjerra Soltani pourrait, au dernier moment, proposer un ou deux candidats lors de la présentation de la liste des candidats aux congressistes. Une chose est sûre, le 8e congrès ordinaire du MSP sera caractérisé, cette fois-ci, par une bataille rangée entre deux clans. Cette lutte ne s'arrêtera pas avec la fin des travaux du congrès, bien au contraire, elle va être exacerbée.