La modestie de l'auteur de «Destin d'un orphelin» est perceptible de loin. En le voyant, pour la première fois après avoir lu son livre autobiographique il y a quelques semaines, nous pensons directement au petit Moh Saïd du livre. Celui qui a tant souffert, mais qui n'a jamais abdiqué. Pourtant, il ne subsiste véritablement aucune trace physique de toutes les afflictions subies par Moh Saïd Idiri dans son enfance et adolescence et même au début de son âge adulte. Nous sommes à Tikobain, chef-lieu de la commune de Ouaguenoun dans la wilaya de Tizi Ouzou, d'où démarre le roman autobiographique de Mohammed Saïd Idiri. L'homme est d'une humilité frappante et impressionnante. Une vie tumultueuse Après cette rencontre et les témoignages qu'il nous livre, il nous confirme que sa vie est un roman car en lisant son récit réel, on a à maintes reprises pensé que tous les événements relatés auraient été sciemment dramatisés et amplifiés pour les besoins de la trame, de la narration et afin de tenir le lecteur en haleine. Mohammed Saïd Idiri nous dit qu'il n'y a que la vérité, celle de sa vie tumultueuse, dans son livre. Il nous montre du doigt une maison. «Tu vois cette bâtisse, c'est ma maison, je l'ai construite après avoir surmonté toutes mes épreuves, dans le livre, il s'agit de l'une des trois parcelles de terre laissées par mon grand-père et dont l'une d'elles revient naturellement à mon père, mais...», dit-il. Les quatre premières années du roman se déroulent ici-même, là où nous nous trouvons en ce moment: Tikobaine. Comme il le raconte dans son livre, quand Moh Saïd Idiri est parti d'ici à l'âge de 4 ans, il n'avait rien pris avec lui en quittant Tikobaine après le décès de son père pour rejoindre le village de sa mère Azra. Tout comme il n'avait rien pris en quittant encore ce village, sans sa mère, juste en compagnie de sa petite soeur, pour aller au village Tazmalt, près de la ville de Tizi Ouzou. L'écrivain a vécu pendant longtemps de cette manière: seul, sans aucun parent ni moyens. Après avoir lu le livre de Mohammed Saïd Idiri, en l'écoutant raconter sa vie en face de nous, nous avons l'impression de relire son livre. En fait, la majorité des épisodes narrés dans l'ouvrage marquent le lecteur. Ils sont inoubliables tant ils sont empreints de grandes douleurs et d'indicibles blessures. Mohammed Saïd Idiri n'a pas écrit son livre autobiographique juste pour s'exorciser. Des conquêtes arrachées Si c'était le cas, il se serait sans doute arrêté dès lors que la vie commençait à lui sourire, après un très long et inlassable combat contre la fatalité. Non, il a préféré continuer d'écrire pour raconter aussi ses conquêtes dans sa vie, des conquêtes arrachées en s'adonnant à des efforts inénarrables pour s'assurer une formation dans le domaine des finances qui lui ont fait franchir plusieurs paliers de succès professionnels. Aucun cadeau ne lui a été offert par la vie. Il le montre très bien dans ce livre et nous le confirme de vive voix lors de notre rencontre au café «La renaissance» de Tikobaine. Le calme avec lequel il parle est étonnant car on a du mal à croire qu'un homme puisse garder son calme après tant d'épreuves. Aussi, nous sommes édifiés par sa capacité surhumaine de ne pas entretenir de grandes rancunes à l'égard de tous ceux qui lui ont fait du mal. Et ils sont très nombreux; il les cite dans son livre sans aucun jugement ni critique et sans les accabler. La rencontre avec l'écrivain Mohammed Saïd Idiri a été une grande rencontre car en plus de l'écrivain, nous avons devant nous un homme exceptionnel qui a fréquenté assidûment, depuis l'âge de quatre ans, la meilleure école au monde, celle de la vie et de la rue.