C'est dans une ambiance de suspicion malsaine que semble se dérouler cette opération. Tout porte à croire que les recommandations du ministre des Participations et de la Promotion des investissements, M.Hamid Temmar, en direction des SGP, va dans le sens des doléances du pacte économique et social. Les préoccupations du premier responsable de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), en l'occurrence son secrétaire général, Sidi Saïd et de l'un des principaux négociateurs, Salah Djenouhat, secrétaire national chargé de l'organique, dûment mandatés par la Centrale syndicale dans le cadre de la tripartite et l'élaboration du pacte économique et social. Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements a exprimé son insatisfaction quant à la manière dont est mené le processus de privatisation, de surcroît le manquement au respect des règles dont les cessations d'actifs font l'objet. Le moins qu'on puisse dire, c'est dans une ambiance de suspicion malsaine que semble se dérouler cette opération si l'on se réfère aux différentes plaintes parvenues au siège du ministère, concernant les entorses mais aussi les vieux réflexes (malversations...) qu'ont rendu indigentes des entreprises qui étaient destinées à un bel avenir ou tout au moins à ce qu'elles fassent preuve de performances pouvant assurer une production de qualité et une pérennité de l'emploi et de l'outil de production. Chevaux de bataille que les responsables syndicaux de l'Ugta comptent défendre bec et ongles lors de la prochaine tripartite qui se tiendra en septembre et dans le cadre de la finalisation du document du pacte économique et social qui devra inclure le dossier sensible des entreprises éligibles à la privatisation. Dans une de nos précédentes éditions, il a été soulevé le problème des 13 unités de production de l'entreprise Gipec dont 1200 travailleurs sont menacés de licenciement. L'appel lancé par Salah Djenouhat en direction des pouvoirs publics pour un plan de sauvetage du Groupe industriel du papier et de la cellulose pour éviter la privatisation de l'industrie du papier convoitée, par des entrepreneurs moyens-orientaux et qui représente un chiffre d'affaires de 400 millions de dollars, est un indice évident que la privatisation ne se fera pas sans tenir compte du facteur humain et des conséquences qui en découleront au niveau social et économique. Le processus de privatisation doit donc être appréhendé de manière globale et devra tenir compte des préoccupations des principaux concernés, les salariés. Il faudra s'attendre à une opposition plus que farouche de la part de certaines fédérations affiliées à l'Ugta, telles que celles du textile, de la mécanique et de la chimie qui se sont distinguées, ces derniers temps, en ne cédant pas un pouce de leurs revendications qui portent essentiellement sur la préservation de l'emploi et en substance du versement régulier de leurs salaires. En plus des facteurs sociaux et humains qu'il est impossible d'exclure, le processus de privatisation qui est au ralenti semble se heurter au manque de transparence des opérations qui doivent le mettre en marche. Et c'est dans ce sens que le ministre des Participations a réuni l'ensemble des directoires SGP et EPE non affiliées pour faire le point sur leurs activités en matière de gestion et de suivi du secteur public économique et procéder à une large évaluation du système actuel de privatisations. Sur ce plan, il a été rappelé le respect de la règle de procédure d'appel d'offres à une plus grande vigilance du cahier des charges et à la crédibilité technologique des futurs partenaires. La privatisation doit prendre en ligne de compte la sauvegarde de l'industrialisation de l'Algérie. Les opérations d'ouverture doivent conduire à une mobilisation exemplaire de la technologie, de l'innovation et à l'apport d'une gestion moderne, souligne le communiqué. L'Algérie, qui jouit d'un potentiel industriel certain, doit concevoir la privatisation sous l'angle d'un instrument additionnel pour le renforcement et la sauvegarde de son tissu industriel. La mise en garde adressée par le ministre aux SGP pourrait entraîner des changements radicaux au niveau de certains directoires.