Le dernier coup d'éclat de l'Opep+ a mis le feu aux prévisions des prix du pétrole. Les pronostics vont bon train. Le prix d'un baril à 100 dollars refait désormais à nouveau surface. Avec insistance. Et c'est la vénérable Golden Sachs qui s'en fait l'écho. Selon ses dernières estimations, «le prix du baril de Brent atteindra 95 dollars, d'ici décembre prochain, soit une augmentation de 5 dollars par rapport aux estimations de mars dernier» avait annoncé la banque d'investissement américaine qui pronostique un prix du baril de Brent en 2024, autour des 100 dollars environ. Soit 3 dollars de plus par rapport aux estimations de mars dernier. Il faut rappeler en effet que Goldman Sachs avait ramené, samedi 18 mars 2023, ses prévisions de croissance des prix du pétrole pour 2023 et 2024 à moins de 100 dollars le baril, en raison de la situation tendue du secteur bancaire aux Etats-Unis et en Europe et des craintes de récession mondiale. La baisse surprise de la production de l'Opep+ a changé la donne. En effet, alors que tous les pronostics convergeaient vers une reconduction de la baisse de production de l'Opep+ de 2 millions de dollars décidée le 5 octobre 2022 plusieurs pays de l'organisation des pays producteurs de pétrole, dont l'Algérie, annonçaient une réduction volontaire de leurs quotas, vingt- quatre heures avant la tenue de la 48e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi Opep et non-Opep (Jmmc) le 3 avril dernier. Le bal a été ouvert par l'Algérie qui a annoncé qu'elle procèdera à une réduction volontaire de 48 000 barils par jour, de mai à fin 2023, en coordination avec certains pays membres de l'Opep et non membres de l'Opep. Riyadh, Abou Dhabi et le Koweït ont de leur côté fait part de leur décision de réduire leur production d'un total de 772 000 barils par jour (bpj) dès le mois prochain et ce, jusqu'à la fin de l'année, dans des communiqués publiés par leurs médias officiels respectifs. C'est au total, 1,66 million de barils par jour qui seront retranchés du marché. Les prix du pétrole sont carrément montés en flèche. Ils ont pris près de 5 dollars en une séance. Goldman Sachs ne les voient pas s'arrêter en si bon chemin et les voient atteindre la barre symbolique des 100 dollars dès l'an prochain et pourquoi pas avant la fin de 2023. Certains spécialistes sont encore plus optimistes. D'après leurs analyses le marché pétrolier devrait rester globalement équilibré à court terme, mais la hausse de la demande dans le sillage de la réouverture complète de la Chine, combinée à une faible élasticité de l'offre, pourrait faire grimper les prix au second semestre 2023. Nous prévoyons que le pétrole brut atteindra 115 dollars le baril à la fin de 2023, a écrit Jean-Pierre Durante, économiste chez Pictet & Cie sur le site d'Allnews, première plate-forme financière digitale suisse en langue française. Ce qui doit permettre à l'Algérie d'évoluer sur du velours. Ce niveau du prix du baril d'or noir permettrait au pays de consolider ses équilibres financiers, notamment bonifier ses réserves de change et lui assurer des revenus confortables qui doivent lui permettre de mener à bon port des projets hautement stratégiques (Ghar Djebilet, Port d'El Hamdania, centrales solaires...). Indispensables à son ambition: la création d'une économie productrice de richesses. Il faut rappeler que l'année 2022 a été bénéfique pour l'Algérie. Ses recettes pétrolières ont largement dépassé les 50 milliards de dollars. Son bas de laine s'est significativement amélioré. Le niveau du prix du baril qui a connu une hausse de 7,5% l'an dernier lui a permis d'élever celui de ses réserves de change à plus de 60 milliards de dollars et de confectionner sa loi de finances 2023 sur la base d'un baril à 60 dollars. Soit près de 25 dollars de moins que le prix actuel du baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, avec à la clé un des plus gros budgets de son histoire. Les cours de l'or noir encore loin des 100 dollars affichent toutefois un niveau qui n'est pas pour déplaire à l'Algérie. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, s'échangeait à 84,40 hier à 14h00. Soit 0,22 dollar de plus que la veille. Rassurant...