La cellule terroriste présumée comptait «renverser le régime marocain actuel et instaurer un Etat islamique (califat)». Des limogeages et des changements ont été opérés dans l'armée marocaine et la Direction générale de la surveillance du territoire (Dgst), à la suite de l'arrestation de quatre militaires, membres présumés d'une cellule terroriste, a rapporté le journal Al Ittihad Al Ichtiraki, dans son édition d'hier. Cette purge qui a concerné, apprend-on, le niveau élevé de la hiérarchie des Forces armées royales (FAR) est une seconde «intervention» après celle annoncée le 7 août dernier par le ministre marocain de l'Intérieur qui a fait état du démantèlement d'une cellule terroriste de 44 membres arrêtés en juillet. Le ministre avait indiqué que quatre militaires figuraient sur la liste des terroristes, opérant à Casablanca, Salé (près de Rabat), Sidi Slimane et Youssoufia (Centre). Cette découverte qui renseigne sur le niveau d'infiltration de l'armée marocaine par des éléments islamistes a amené les autorités à limoger un colonel-major, responsable de l'armée à Casablanca, signale le journal de l'Union socialiste des forces populaires (Usfp) -formation de gauche et principal parti de la coalition gouvernementale actuelle-, citant des «sources informées». L'on retiendra également le «retour en force de la Gendarmerie royale» dans le contrôle d'une armée, déjà «secouée» par deux tentatives de putschs depuis l'indépendance du Maroc. Les cadets de l'armée ont, en effet, tenté de renverser la couronne vers la fin des années soixante, suivie quelques années plus tard, en 1972, par une tentative de coup d'Etat mené par le général Oufkir, ancien bras droit du roi Hassen II. Il semble cependant que cette troisième tentative ait des motivations politiques différentes, puisque colorée d'islamisme. Il convient de souligner que le limogeage du colonel-major est lié à celui d'un général qui était à la tête de la Direction de la sécurité militaire, ajoute le journal. «Des changements radicaux opérés dans un secret total» ont par ailleurs concerné les rangs de la DST, assure le journal. Selon Al Ittihad Al Ichtiraki, les limogeages et changements surviennent «à la suite de rapports des services de renseignements selon lesquels des fondamentalistes auraient infiltré les rangs de l'armée». Un responsable gouvernemental -qui a souhaité garder l'anonymat- s'est contenté d'affirmer que «les services sécuritaires font leur travail» et que «la classe politique marocaine est unanime à faire face au terrorisme». Trois partis de la coalition gouvernementale, l'Usfp, l'Istiqlal (nationaliste) et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) ont souligné que le Maroc demeure menacé par le terrorisme et que les Marocains doivent être vigilants, selon des propos de leurs dirigeants rapportés samedi par la presse. Baptisée «Ansar El Mahdi», la cellule terroriste présumée comptait, selon l'accusation, «renverser le régime marocain actuel et instaurer un Etat islamique (califat)». Le spectre du putsch islamiste est d'autant plus plausible, notamment après le démantèlement du groupe terroriste de la «Jamaât Ansar El Mahdi». Selon le quotidien Aujourd'hui Le Maroc qui cite des sources sécuritaires, tout a commencé, il y a plusieurs semaines, quand les services de sécurité se sont intéressés de près au dénommé Hassan Khattab. Plus radical que jamais, ce dernier a repris son action de recrutement pour le ´´Jihad´´ en commençant par embrigader cinq militaires exerçant ou ayant exercé dans la base aérienne des FAR à Salé (deux sont partis à la retraite). Ce sont ces six éléments qui formaient le ´´noyau dur´´ de ´´Jamaât Ansar El Mahdi´´ avant d'être rejoints, plus tard, par des dizaines de personnes résidant à Salé, Tétouan, Casablanca, Youssoufiya, Sidi Slimane et Sidi Yahia du Gharb. Selon une source policière, la majorité des prévenus sont originaires de Salé et s'y donnaient souvent rendez-vous pour coordonner leurs actions. La plupart d'entre eux exercent de petits métiers dans le commerce, à l'exception du chef du groupe qui vivait, selon les témoignages, dans une ´´flagrante´´ et soudaine opulence. De par le nombre de ses membres et de la logistique dont il disposait, ce groupe est l'un des plus étoffés de tous ceux qui ont été démantelés après le 16 mai 2003, constate le quotidien. Les procès des membres de ´´Jamaât Ansar El Mahdi´´ devraient se tenir l'automne prochain même si une source judiciaire n'écarte pas la possibilité d'en traduire quelques-uns devant le tribunal permanent des FAR et de poursuivre les autres devant la Cour d'appel de Rabat qui a compétence territoriale nationale en matière de terrorisme.