Les conférenciers ont relevé les contraintes qu'on a fait subir à tort à Tipaza et le caractère politique qui en découlait... M.Badrouni, directeur du patrimoine et Madame Zadem, directrice de la protection des biens culturels, au ministère de la Culture ont animé, hier, un point de presse au Palais de la culture afin d'annoncer la suppression définitive du site archéologique de Tipaza de la liste du patrimoine mondial en péril. Et nous faire part des conclusions de la dernière réunion du comité du patrimoine mondial qui s'est tenue le 8 juillet dernier à Vilnius en Lituanie. D'emblée, M.Badrouni fera remarquer que le but de cette conférence est «d'informer, non pas parce que l'événement est intéressant en soi ou qu'il relève de l'intérêt de l'Etat mais plutôt pour attirer l'attention sur les arrières-fonds insoupçonnés d'ordre politique, parfois de géopolitique qui sous-tendaient certains débats censés être scientifiques et mus par des valeurs relevant des droits de l'homme.» La gestion du dossier de Tipaza par les organismes consultatifs d'experts, illustre pour M.Badrouni «une certaine dérive ou déviation du principe même de la conservation du patrimoine mondial auquel l'Algérie a adhéré depuis 1974». Le directeur du patrimoine donnera un aperçu historique des sites algériens classés et s'interrogera sur les raisons qui ont présidé au classement de Tipaza comme patrimoine en péril en juin 2002 après qu'il soit inscrit à la liste du patrimoine mondial en 1982, suite à un rapport accablant. «Cette inscription voulait dire que l'Algérie allait bénéficier d'une grande solidarité en termes d'investissement. Or, il y a eu un grand décalage par rapport aux objectifs initiaux». Pour Badrouni, ce nouveau classement est interprété comme une lourde sanction politique assénée à un pays. Evoquant le rapport d'expertise de la 3e et dernière session, dans ce dernier il est stipulé clairement, selon lui, une constatation qui va dans le sens positif. Mais par souci d'éthique, les experts auraient omis de mettre l'essentiel dans leur rapport . «Ils ont mensongé» affirme-t-il. Abordant l'aspect technique du rapport d'expertise fait lors des différentes sessions , entre autres pour contrôler l'état d'avancement des actions entreprises par l'Etat dans le cadre de la préservation du site, Madame Zadem relèvera clairement le «non-sens» de ces rapports car fondés sur un faux plan de délimitation spatiale. «Les organes consultatifs ne sont pas venus avec des cartes précises du site, le confondant avec la ville de Tipaza». Revenant à cette réunion de Lituanie, Madame Zadem fera remarquer «la position occidentale tranchée de maintenir Tipaza dans la liste du patrimoine en péril » Un débat houleux, selon elle, qui s'est soldé par un vote en faveur de cette suppression. Aussi, Madame Zadem dira toutes les contraintes qu'on a fait subir à tort à Tipaza pour régler cette affaire aux dessous bien ambigus...«Il fallait obtenir les deux tiers du comité. On était majoritaire. Mais le directeur du patrimoine en péril a dit qu'il fallait encore consulter. Il y a eu des dérapages car le comité doit être technique et ne pas sortir du mandat qui lui est confié. Le débat était clair, basé sur les deux poids, deux mesures..». Reprenant la parole, M.Badrouni, s'interrogera, encore une fois, sur les raisons obscures de cet acharnement à vouloir maintenir Tipaza sur la liste du patrimoine en péril «Malgré les efforts déployés par l'Etat pour le préserver et le conserver, notamment depuis l'entrée en vigueur de la loi 98 04.» Revenant à la charge, la directrice de la protection des biens culturels se demandera pourquoi les experts en archéologie ne viennent jamais visiter la Qualaat Beni Hammed ou encore le Tassili Najers mais se contentent toujours de la Casbah, Timgad et Tipaza. «De plus, les experts oublient toujours qu'il existe un site numide à côté des ruines de Tipaza qui est aussi classé par l'Unesco, à savoir, le Tombeau de la chrétienne.» et de renchérir: «Le patrimoine culturel, placé dans le cadre de la mondialisation devient un enjeu de territoire. Nous devons être vigilants et bien connaître nos sites et les éléments juridiques y afférents car ils sont le soubassement de tout.» Enfin, l'Algérie qui a contribué au Fonds d'aide du patrimoine africain, nous apprend-on, et ce à hauteur de 6000 dollars, devra rendre compte des actions entreprises dans le cadre de la sauvegarde de Tipaza avant le 25 janvier 2007.