Sous la pression d'Israël et de Washington, l'approche militaire du contentieux proche-oriental a été privilégiée au détriment d'un règlement politique. La guerre qui a opposé du 12 juillet au 14 août l'armée israélienne aux milices du Hezbollah est la sixième ayant mis face à face Israël à des pays arabes, ou une partie de ces pays. Aucun des cessez-le-feu promulgués ces dernières années, à l'issue de combats souvent meurtriers, -comme cela a été le cas lors de la guerre Israël-Hezbollah- n'ont jamais tenu longtemps, car les trêves ainsi obtenues n'ont jamais été suivies d'une véritable réflexion en vue de l'obtention d'une solution définitive à un conflit qui entre, l'année prochaine, dans sa sixième décennie. Or, sous prétexte de la sécurité d'Israël, l'Etat hébreu bloque indéfiniment tout règlement du contentieux qui reste conditionné par l'érection d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat hébreu comme le stipule, notamment la résolution 181 II du 29 novembre 1947 portant partage de la Palestine entre deux Etats (arabe et juif). Or, la résolution 181 n'a, en fait, jamais été appliquée du moment que, devançant de six mois son entrée en vigueur -alors prévue pour le mois de novembre 1948- des dirigeants de la rébellion israélienne ont proclamé illégalement, le 8 mai 1948, l'Etat d'Israël, provoquant ainsi la première guerre israélo-arabe. Depuis, cinq autres guerres ont suivi, dont la dernière vient juste de s'achever sans que l'on ne soit assuré qu'elle est la dernière et si elle ne reprendra pas à tout moment. En 2002, le Sommet arabe de Beyrouth avait proclamé que la paix était un objectif «stratégique» pour le monde arabe, lequel offrit à Israël l'échange de la paix contre les territoires, principe cardinal de toute solution d'un contentieux dont la genèse demeure l'occupation par Israël de territoires arabes et plus singulièrement l'occupation des territoires palestiniens sans l'indépendance desquels la paix, en général, la sécurité, en particulier pour l'Etat hébreu, resteront une vue de l'esprit. Pourtant, en 2002, non seulement le Premier ministre israélien d'alors, Ariel Sharon, rejeta avec morgue l'offre du Sommet arabe, mais fit commettre par l'armée israélienne l'un des crimes les plus odieux contre la population palestinienne de Jenine en Cisjordanie. Ce crime a induit la mise en place d'une commission d'enquête internationale sous l'égide de l'ONU. Cette enquête n'a jamais eu lieu car les Nations unies n'ont pas été «autorisées» par Israël à faire la recherche sur les crimes de guerre commis par Tsahal à Jenine notamment. De fait, les gouvernements israéliens ont toujours fait obstacle aux tentatives de solution politique du contentieux proche-oriental, privilégiant la force alors que tout démontrait l'inanité d'une telle approche qui n'a rien résolu, comme le montrent les guerres successives, car le problème en cause est politique et demande une solution politique. Toutefois, sous la pression d'Israël, soutenu en toute circonstance par les Etats-Unis, c'est l'approche militaire qui a prédominé, au détriment d'un règlement politique qui reste l'unique solution à même de mettre un terme à des décennies de conflits entre Israël et ses voisins arabes. Or, Israël veut la paix sans doute, mais, sans pour autant céder les territoires. Or, cette occupation, loin de garantir la sécurité des Israéliens, met en revanche, en danger leur vie, d'autant que le Hezbollah, en gagnant sa guerre contre Israël a démontré que les armes sophistiquées dont dispose l'armée israélienne sont sans effet contre la guérilla et la détermination d'hommes prêts au sacrifice suprême. Israël qui n'a tiré aucune leçon de ces guerres - et n'a, non plus, appliqué aucune résolution du Conseil de sécurité, y compris celle portant création de l'Etat hébreu- refuse toujours de se mettre en conformité avec les résolutions 242 de 1967 et 338 de 1973 qui exigent d'Israël son retrait des territoires arabes occupés que sont les territoires palestiniens (El-Qods -Jérusalem-Est-, la bande de Ghaza et la Cisjordanie), le plateau du Golan syrien et les Fermes de Chebaa libanaises. De fait, c'est contraint et forcé, par la guérilla du Hezbollah, qu'Israël s'est vu astreint à l'application -en mai 2000- de la résolution 425 de 1978 sur le Liban, tout en conservant, néanmoins, les fermes de Chebaa maintenant, ainsi, le feu sous le braise, donnant de fait des raisons à la résistance libanaise de poursuivre son combat. Mais les questions des Fermes de Chebaa et du plateau du Golan ne sont, en fait, que le prolongement du contentieux principal qui reste la libération des territoires palestiniens. Et le dossier palestinien constitue le problème clé du contentieux israélo-arabe et israélo-palestinien. En mars 2000, le Conseil de sécurité avait eu une occasion unique de replacer le dossier palestinien dans son contexte véritable en faisant adopter un projet de résolution qui demande l'envoi d'une force d'interposition entre Israël et les Palestiniens, sur la ligne de démarcation de 1967. Mais le veto opposé par les Etats-Unis a fait perdre aux Nations unies l'occasion de revenir dans le dossier israélo-palestinien et de travailler à une solution qui ne peut être que politique, la force militaire ayant depuis longtemps échoué à être une alternative au règlement politique. De la même manière, l'échec du plan de paix international -connu sous le nom de la ‘'Feuille de route''- placé sous l'égide du quartette (ONU, USA, UE et Russie) est dû, aussi bien à l'intransigeance d'Israël qui veut régenter la paix au Proche-Orient à sa mesure, qu'à la démission de la «communauté internationale» qui refuse d'appliquer au contentieux proche-oriental les mêmes lois internationales qui s'appliquent, en théorie, à tous les Etats, mais pas à Israël, qui nargue le monde en continuant en 2006 à occuper des territoires qui ne lui appartiennent pas, alors que des résolutions du Conseil de sécurité, jamais appliquées, lui exigent de s'y conformer. L'application par Israël des résolutions 242 et 338 permettra en tout état de cause d'y voir plus clair et de permettre de s'attaquer à la construction d'une paix véritable au Proche-Orient. Paix, dont le premier bénéficiaire, faut-il le souligner, ne sera autre que le citoyen israélien. Mais Israël veut-il vraiment la paix qui continue à occuper des territoires appartenant à d'autres peuples?