Les pays européens sont confrontés à un véritable dilemme: le vieillissement de leurs populations. Dans le courant du mois de septembre, la soixante et unième Assemblée générale de l'ONU ouvrira le dialogue de haut niveau sur les migrations et le développement. Faisant partie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le débat de haut niveau tentera l'harmonisation des politiques migratoires, du moins de trouver, dans les innombrables législations et politiques des pays et groupes régionaux, une cohérence. Nous traitons, ici, du cas particulier de la politique de l'U.E et sa vision de «l'immigration», notamment celle dite clandestine. Les pays de l'Union européenne sont confrontés à un véritable dilemme: l'inéluctable vieillissement de leurs populations et leurs besoins futurs de main-d'oeuvre. A titre d'exemple, l'Italie perdra d'ici 2050, 28% de sa population. Il lui faut, pour maintenir son niveau actuel de développement, 350.000 immigrés/an ou alors repousser l'âge de la retraite à 75 ans! L'on comprendra alors combien le débat sur l'immigration est passionnel et, surtout, attise les égoïsmes des partis politiques lors des grands rendez-vous électoraux. Débats qui participent aux développements des discours racistes, xénophobes, dans les sociétés européennes. Ceci dit, l'U.E a adopté lors de son Conseil de Tempéré ( Finlande) d'octobre 1999, un cadre de politique commune de l'immigration, cadre qui fût entériné en 2004 avec le programme de La Haye (Hollande) et qui fixe les objectifs en la matière pour 2005-2010. Un livre vert sur une approche communautaire fut également, publié par la Commission européenne en 2004. Nous pouvons distinguer deux grands chapitres: l'immigration légale et celle dite clandestine ou illégale. La législation européenne retient, pour la première catégorie, le droit au regroupement familial ; les conditions de statut de résident de longue durée (plus de 5 ans et ce, jusqu'en 2007) pour le cas des travailleurs sous contrat, chercheurs...Pour ce qui concerne l'immigration dite clandestine, c'est le 28 février 2002 que le conseil des ministres de l'U.E adopte un plan global de lutte contre l'immigration clandestine, complété le 28 novembre de la même année, lors d'un Conseil européen (chefs d'Etat et de gouvernement), par l'adoption d'un programme d'actions communes. Il s'agit principalement de l'entrée en vigueur des accords de réadmission (rapatriement) signés avec un certain nombre de pays et pousser les autres pays non signataires à le faire. L'Algérie a intégré ces accords dans le chapitre Justice et Affaires intérieures (J.A.I) dans son Accord d'association avec l'U.E. Mais face à la pression des flux migratoires clandestins provenant des pays du Sud et de l'Est de l'U.E, face aux drames vécus par les candidats au départ, les Européens, dits pays d'accueil comme les pays dits d'origine, ont décidé d'une approche concertée du phénomène migratoire. Et c'est en mars 2004, que l'U.E propose, après diverses rencontres avec les pays tiers, un programme d'assistance à ces pays couvrant la période 2004-2008, avec une aide de 250 millions d'euros. Ici, il faut préciser que certains pays de l'U.E comme ceux dits pays tiers, n'ont pas et n'adhérent pas à ces instruments de coopération. C'est pour les pays du Sud, le cas de l'Algérie qui refuse d'être une «forteresse» pour les candidats qui transitent par le pays, et préfère traiter au cas par cas avec les pays d'origine. L'Algérie refuse toute subvention dans ce domaine et estime que la question de l'immigration, y compris celle dite clandestine, relève d'une responsabilité collective des nations. Pour les pays de l'U.E, citons le cas du Danemark qui n'adhère pas au titre du chapitre IV du traité qui institue la Communauté européenne à ce type d'accord. Cependant, des pays comme le Maroc ou la Libye ont accepté l'aide européenne ( 67 millions d'euros pour le Maroc) afin de construire des «barrages» aux candidats au départ clandestin sur leurs territoires. La complexité du problème des migrations exige une approche pluridisciplinaire et collective. Etroitement lié aux questions de droits de l'homme, de liberté, de développement...il ne peut être résolu par la seule coercition des lois, par la répression et encore moins par les déséquilibres entre pays pauvres et riches. Rappelons à ce sujet, le discours de M.Armand Dedecker, ministre de la Coopération au développement belge, lors de la conférence internationale sur les migrations, tenue à Bruxelles les 15 et 16 mars 2006: «Plus de 175 millions de personnes vivent aujourd'hui hors de leurs pays d'origine, dont 16 millions de réfugiés! La question des migrations nous concerne tous...elle réunit dans une même problématique, difficile à résoudre, des questions démographiques et économiques, des considérations sociales et humanitaires, des préoccupations d'identité et de sécurité nationale.»