Laborieux. C'est le moins que l'on puisse dire. Les cours du pétrole qui respiraient la santé au point d'atteindre leur plus haut niveau en trois mois jeudi, ont accusé un coup de pompe hier. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en septembre s'échangeait à 15h00, heure algérienne autour des 83,74 dollars enregistrant ainsi une baisse de 50 cents. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate cédait pour sa part 39 cents à 79,68 dollars. Les cours du pétrole reprenaient leur souffle, des prises de bénéfices intervenant après une semaine de franche hausse des prix, poussés par les tensions sur l'offre et des indicateurs économiques favorables aux Etats-Unis. La veille, les deux références mondiales du brut avaient touché leur plus haut prix en trois mois. «Les réductions de l'offre annoncées par l'Arabie saoudite, ainsi que les exportations réduites de la Russie, ont eu l'effet escompté, à savoir une hausse des prix de référence», commente Han Tan, analyste chez Exinity. Il faut rappeler en effet que le royaume wahhabite, poids lourd du marché de l'or noir, avait annoncé le 3 juillet qu'elle prolongeait la réduction de sa production de pétrole d'un million de barils par jour, pour soutenir le prix du baril. Une réduction qui se poursuivra en août et qui peut être prolongée au-delà de cette période. L'autre poids lourd de l'Opep+, la Russie, a décidé, de son côté, le même jour, de réduire ses exportations de pétrole brut de 500 000 barils par jour au mois d'août. Un autre facteur a influencé la hausse des cours de l'or noir: les marchés mondiaux ont été en effet soulagés par les réunions de politiques monétaires de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne (BCE), qui ont chacune relevé leurs taux directeurs de 25 points de base, tout en adoptant un ton prudent sur l'éventuelle poursuite de la hausse des taux. Les cours du brut ont aussi bénéficié des «paris selon lesquels la Fed a presque terminé le cycle actuel de hausse des taux, ainsi que des chances croissantes d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine», a confirmé l'analyste de Exinity. La Réserve fédérale américaine a en effet relevé son principal taux directeur d'un quart de point de pourcentage, mais les responsables de l'institution n'ont pas indiqué s'ils pensaient les remonter encore dans les mois à venir. Si les économistes restent encore divisés, la première économie mondiale pourrait échapper à la récession cette année. Si la récente hausse des prix semble avoir entraîné un repli technique, les cours pourraient repartir en hausse début août, le marché attendant l'annonce d'une éventuelle prolongation des réductions de production de l'Arabie saoudite, indique-t-on. «Si c'est le cas, le marché pétrolier serait encore plus sous-approvisionné au troisième trimestre, ce qui donnerait un nouveau coup de pouce aux prix du pétrole», souligne Carsten Fritsch, du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Les réserves commerciales de pétrole brut aux Etats-Unis ont de leur côté contribué à briser l'élan du baril. Elles ont moins diminué la semaine dernière que ne le prévoyait le marché, selon des données publiées mercredi par l'Agence américaine d'informations sur l'énergie (EIA). Durant la semaine achevée le 21 juillet, ces stocks se sont contractés de 600 000 barils, alors que les analystes prévoyaient une réduction de 2,2 millions de barils, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg. La sanction a été immédiate. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en septembre a cédé 0,86% à 82,92 dollars tandis que son équivalent américain, le West Texas Intermediate lâchait pour sa part 1,06% à 78,78 dollars. Une lueur d'espoir laisse cependant entrevoir que le baril peut rebondir. Le marché pourrait, en effet, être boosté par le relèvement de l'estimation de croissance 2023 du Fonds monétaire international (FMI), à 3,% contre les 2,8% annoncés. «Cela confirme ce que nous avons vu dans les chiffres des stocks de brut, qui baissent, à savoir que la demande reste plus ferme que ce que les gens ne pensent, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine ou en Inde», a indiqué Flynn, de Price Futures Group. Un potentiel sérieux coup de fouet pour le baril...