C'est dans l'anarchie que se multiplient les pratiques délictueuses au détriment d'une discipline qui n'arrive plus à retrouver ses repères. Le football algérien avance la tête en bas, c'est plus qu'une évidence. Cela fait, tout de même, quelques années que l'intersaison est alimentée par des informations se rapportant à des transferts de joueurs où il est fait mention de millions de dinars en matière de tractations de ce genre. Ce n'est, donc, pas nouveau et tout semble se dérouler le plus normalement du monde. Le problème c'est que cela se passe dans un pays où tout est à faire sur le plan de la structuration des clubs. Jusqu'à preuve du contraire, ces derniers sont ceux-là même qui ont pris le départ au lendemain de l'indépendance du pays en 1962, c'est-à-dire des clubs créés sur la base de la loi française de 1901 qui en faisait des associations sportives à but non lucratif. Les statuts par lesquels ils sont régis répondent à des normes d'amateurisme qui en font des clubs qui ne peuvent et ne doivent pas verser de salaires à leurs joueurs. Or, c'est tout le contraire auquel on assiste et notre football se complait aujourd'hui dans une espèce de professionnalisme sans statut professionnel où l'argent, qui est utilisé, provient, dans sa majeure partie, du Trésor public. Dans leurs déclarations, certains présidents de clubs tentent, à chaque fois, de faire croire qu'il n'en est rien et que c'est grâce aux sponsors qu'ils arrivent à «tenir la baraque». On voudrait simplement qu'ils nous disent si ces sponsors ont tellement d'argent qu'ils se permettent d'en consacrer une partie juste pour le plaisir. Il faut que ces présidents de clubs sachent dire la vérité et affirmer que c'est parce que la loi le leur permet que ces sponsors interviennent dans le sport. Une loi qui leur offre la latitude de verser aux clubs les sommes (pas plus de 6 millions de dinars par an) déductibles de leurs déclarations fiscales. Le sponsoring n'est, donc, qu'une forme d'aide indirecte de l'Etat aux clubs. Dans de telles conditions, on est forcé de se demander comment des présidents peuvent affirmer qu'ils ont investi des milliards dans le recrutement de joueurs avec un sponsoring plafonné? Des gens qui «jouent» aussi facilement avec de l'argent sont, d'ailleurs, à surveiller comme le lait sur le feu sachant que le milieu du football algérien n'est pas sain et que la tricherie y a presque pignon sur rue surtout dans le milieu de l'arbitrage qui est sans cesse pointé du doigt au point de perdre beaucoup de sa crédibilité. A une certaine époque, on avait remarqué que des clubs avaient eu la folie des grandeurs parce que dirigés par des gens qui croyaient que tout s'achetait dans le football. Aujourd'hui, ces clubs ont complètement disparu de la scène car bâtis sur de l'argent mal acquis et trop facilement utilisé. Il n'est, donc, pas normal que dans un milieu juridiquement amateur l'on puisse brasser autant d'argent le plus souvent sans aucun contrôle. C'est aux pouvoirs publics de s'impliquer mais aussi aux instances qui dirigent le football car c'est dans l'anarchie que se multiplient les pratiques délictueuses au détriment d'une discipline qui n'arrive plus à retrouver ses repères.