Le nucléaire iranien continue à préoccuper l'Occident qui n'arrive pas à contraindre Téhéran à renoncer à l'enrichissement de l'uranium. Téhéran avait jusqu'au 31 août (aujourd'hui) pour suspendre (définitivement) l'enrichissement de l'uranium, expérience que Téhéran estime être de son droit, car l'enrichissement de l'uranium, selon des responsables iraniens, n'entre pas dans les interdits du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) auquel adhère l'Iran. Une lecture qui, à l'évidence, n'est pas celle de l'Occident lequel exige purement et simplement la fin de cette expérience d'enrichissement de l'uranium conduite par l'Iran depuis plusieurs mois dans le contexte de la maîtrise de la technologie nucléaire utilisée à des fins civiles, affirme Téhéran. En tout état de cause l'Iran n'est pas prêt à abandonner une technologie qu'il affirme désormais maîtriser. De fait, cette maîtrise de la technologie nucléaire préoccupe l'Occident d'autant plus que la maîtrise du nucléaire civil donne accès au nucléaire militaire. Aussi, le fossé entre les positions du groupe des six grandes puissances (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité+l'Allemagne) et l'Iran est par trop grand pour espérer le voir réduit rapidement. D'autant plus, que la réponse donnée le 22 août par l'Iran aux offres occidentales est jugée non satisfaisante par les principaux pays occidentaux, notamment les Etats-Unis qui demandent l'application de sanctions immédiates contre Téhéran. Toutefois, il est pratiquement impossible, dans l'état actuel des choses, de voir un consensus s'établir au niveau des membres du Conseil de sécurité d'autant que la Russie et la Chine, détenteurs du droit de veto, ont une position plus nuancée, qui estiment que des sanctions seraient contre-productives et ne permettront pas d'arriver à l'accord recherché. Un jeu d'équilibre à tout le moins difficile, sinon hasardeux. Alors que la date butoir du 31 août donnée à l'Iran, par une résolution votée le 31 juillet, expire aujourd'hui, que va faire le Conseil de sécurité et quelles dispositions va-t-il prendre pour la suite du dossier nucléaire iranien? C'est la question qu'observateurs et analystes se posaient, hier, alors que l'Iran ne donnait pas l'impression d'être effrayé par d'éventuelles sanctions. En effet, de nombreux responsables iraniens ont affirmé, ces derniers jours, que l'Iran est prêt à toutes les éventualités de quelque nature qu'elles soient. Pour montrer sa détermination, Téhéran a même organisé la semaine dernières des manoeuvres militaires spectaculaires à travers tout le pays. Les grandes puissances avaient, en juin dernier, offert à Téhéran de l'aider à moderniser ses centrales nucléaires, à construire des réacteurs nucléaires modernes et à oeuvrer pour son développement économique et sa sécurité régionale contre, bien sûr, le renoncement à l'enrichissement de l'uranium, ce qui implique en fait l'abandon de son programme nucléaire lequel fait réellement problème aux yeux de l'Union européenne et des Etats-Unis singulièrement. L'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine s'étaient alors engagés à «soutenir activement la construction de nouveaux réacteurs à eau légère» en Iran et à lui «garantir» l'accès à un stock de combustible. La réponse de l'Iran à cette offre, donnée le 22 août, équivalait en fait à un rejet en bonne et due forme, Téhéran proposant en contrepartie l'ouverture «de négociations sérieuses» avec les grandes puissances pour trouver une issue à la crise du nucléaire iranien. Or, les plus engagés contre le nucléaire iranien, les Etats-Unis sont, pour leur part, prêts non seulement à prendre des sanctions rigoureuses contre l'Iran mais menacent également de recourir à la force contre l'Iran comme l'ont laissé entendre à diverses reprises des responsables américains dont le président George W.Bush, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice que le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Cette propension des Etats-Unis à sortir la trique, à chaque problème quelque peu ardu, inquiète aussi sérieusement les Européens qui, quoique préoccupés par le nucléaire iranien, espèrent néanmoins lui trouver une solution à l'amiable en continuant à parler avec Téhéran. Au fait, Paris a pris les devants mardi, dans le but évident de dédramatiser la situation, et a proposé la reprise des négociations avec Téhéran afin de sortir de l'impasse. Par ailleurs, le Conseil de sécurité qui reste très divisé sur la question iranienne veut éviter un heurt de front entre ses membres notamment les cinq permanents. Aussi, estime-t-on, le Conseil de sécurité pourra, sans doute être amené à prendre des sanctions contre l'Iran, mais en laissant à ses Etats membres le choix du type de sanctions à appliquer à Téhéran. En fait, tout cela reste du domaine du possible d'autant plus que le refus de l'Iran de suspendre l'enrichissement de l'uranium laisse les portes ouvertes à toutes les éventualités. Or, les grandes puissances exigent de l'Iran l'arrêt de ce procédé -qui permet, selon elles, aussi bien d'obtenir du combustible pour une centrale nucléaire (civile), que la matière première d'une bombe atomique- avant toute reprise des discussions alors que Téhéran rejette ce préalable mais continue à dire sa disponibilité à négocier.