Après les Etats-Unis, c'est au tour de l'Union européenne de mettre la pression sur le régime des mollahs concernant la question de l'enrichissement de l'uranium. Téhéran n'entend pas céder. Alors que George Bush est beaucoup plus préoccupé par sa campagne électorale, l'Union européenne prend le relais dans l'espoir de convaincre l'Iran de renoncer à toute ambition nucléaire militaire. Ainsi, Londres, Paris et Berlin ont l'intention de présenter dès la semaine prochaine leurs propositions dans ce cadre à Téhéran. Cette initiative intervient à la suite d'une réunion des responsables du G8 à Washington vendredi dernier. Les propositions européennes visent à présenter aux dirigeants iraniens des “incitations” qui le convaincraient de geler toute activité d'enrichissement de l'uranium. Selon des diplomates à Vienne au siège de l'Aiea, il est question de faire une offre aux Iraniens les autorisant à importer des combustibles nucléaires à usage civil en échange d'un arrêt total des activités d'enrichissement de l'uranium. La France semble avoir pris à son compte la concrétisation des décisions du G8 qui a pour objectif d'obliger l'Iran à “suspendre complètement” ses activités d'enrichissement de l'uranium. “Le temps presse. La France entend continuer à travailler avec ses partenaires ainsi qu'avec les autorités iraniennes dans la perspective de la prochaine session du Conseil des gouverneurs de l'Aiea le 25 novembre, avec pour objectif la suspension complète par l'Iran de ses activités d'enrichissement et de retraitement”, a affirmé hier Michel Barnier, le ministre français des Affaires étrangères. Les Américains, quant à eux, n'ont pas modifié leur position réclamant le transfert du dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU. Il y a lieu de rappeler que l'Agence internationale de l'énergie atomique avait fixé un ultimatum à l'Iran, le 25 novembre prochain, pour dissiper les soupçons sur la finalité de son programme nucléaire. En attendant, Téhéran campe sur ses précédentes positions et refuse les nouvelles propositions européennes avant même qu'elles ne soient rendues publiques. L'Iran refusera toute proposition européenne pour un arrêt total de son programme d'enrichissement d'uranium, mais est prêt à prendre de nouvelles mesures de confiance et à proroger la suspension de l'enrichissement, a laissé entendre un des responsables du nucléaire iranien. Hossein Moussavian, chef du comité des affaires étrangères du Conseil suprême de sécurité nationale et membre de l'équipe de négociateurs sur le nucléaire iranien, a été plus radical en affirmant que “l'Iran n'est pas prêt à accepter un arrêt de l'enrichissement. Toute série de propositions comprenant un arrêt du cycle de combustibles sera rejetée par l'Iran”. Il a ajouté que son pays attendait de l'Agence internationale de l'énergie atomique qu'elle reconnaisse ses droits légitimes dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de maîtriser le cycle du combustible nucléaire. Moussavian a insisté sur le fait que “le cycle de combustible est un droit légitime de tous les membres de l'Aiea” et qu'un “arrêt total sera une discrimination à l'égard d'un membre de l'Aiea dans l'application du TNP et de la clause de sécurité”. Quant à la formule libyenne que l'Occident souhaite voir appliquée à l'Iran, le responsable iranien dira : “La formule libyenne ne fonctionnera pas avec l'Iran. L'Iran est un pays avec une histoire millénaire, des ressources humaines considérables. Avec un tel pays, on ne peut pas discuter comme avec la Libye. Et puis, nous avons d'ores et déjà la technologie nucléaire, nous avons le savoir-faire.” Il est clair que l'Iran sera dans le collimateur de l'Occident, notamment les Etats-Unis, qui trouve là l'occasion propice pour faire plier ce pays. Il faut s'attendre à du nouveau après la présidentielle américaine. K. A.