Rien ne semble pouvoir arrêter le régime de Mahmoud Ahmedinéjad, qui met l'Aiea et l'ONU devant le fait accompli en reprenant ses activités nucléaires. Un haut responsable iranien, Javad Vaidi, a confirmé, hier matin, la reprise des travaux d'enrichissement de l'uranium par son pays dans l'usine de Nantaz. “En reprenant nos activités de recherche, nous avons montré que nous voulons maîtriser la technologie nucléaire car c'est cela qui déterminera le progrès de notre pays”, a-t-il dit. Justifiant les gestes de bonne volonté unilatéraux faits par Téhéran jusque-là, M. Vaidi expliquera : “Après avoir montré notre bonne volonté au cours des trois dernières années... les Européens nous ont demandé de renoncer totalement au cycle du combustible nucléaire.” “Il est inacceptable que nous arrêtions nos recherches”, a déclaré le membre du Conseil suprême de la sécurité nationale. Il a estimé que “la substance même du programme nucléaire est l'enrichissement d'uranium”. Ainsi, les autorités iraniennes, qui avait annoncé lundi la levée imminente des scellés et l'enlèvement des caméras de surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) dans cette usine, n'ont pas perdu de temps. L'usine de Natanz comprend deux unités d'enrichissement. La première est un projet pilote vouée à la recherche, alors que la seconde est une installation à but industriel, en cours de construction. Concernant celle-ci, Javad Vaidi a affirmé que l'Iran a “besoin de temps pour arriver à la capacité industrielle, avec jusqu'à 60 000 centrifugeuses d'enrichissement d'uranium, mais nous avons commencé nos activités”. Il a ajouté que Téhéran ne voyait “aucune raison pour l'instant de revenir à la suspension” de ses activités nucléaires. Cette reprise de l'enrichissement de l'uranium constitue un véritable pied de nez pour la Russie, qui avait prévu une réunion avec les responsables iraniens le 20 février prochain. Ceci étant, les Iraniens avaient annoncé lundi le report de la visite, prévue initialement le 16 février, en faisant état de nouveaux éléments, notamment le fait que “le gouvernement iranien insiste sérieusement sur l'enrichissement d'uranium à but pacifique à l'intérieur du pays”. Pour rappel, la reprise d'activités liées à ce procédé qui a provoqué la rupture du dialogue avec les Européens en août dernier, puis en janvier, après sa reprise en décembre. Les Occidentaux refusent notamment que l'Iran procède à l'enrichissement de l'uranium sur son territoire, car ils estiment que le pays n'a pas fait la preuve que son programme nucléaire a un but uniquement civil. L'Aiea se réunira à nouveau le 6 mars prochain pour constater dans quelle mesure l'Iran s'est conformé à ses demandes, et décider éventuellement d'un renvoi du dossier iranien au Conseil de sécurité des Nations unies. Enfin, un sondage publié, hier, par le quotidien USA Today révèle que les Américains sont très préoccupés par la possibilité de voir l'Iran se doter de l'arme nucléaire mais ils craignent aussi une réaction militaire prématurée de l'Administration Bush. Le sondage USA Today/CNN/Gallup du week-end précise que sept personnes interrogées sur dix ont peur d'un recours hâtif à la force. Presque autant de sondés craignent que les efforts du gouvernement du président George W. Bush soient insuffisants pour empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique. K. ABDELKAMEL