A Vienne des désaccords subsistaient hier sur la manière de solutionner le dossier iranien. Moscou qui avait joué les intermédiaires entre l'Iran et l'Occident pour amener Téhéran à renoncer à son programme de recherches nucléaires semble avoir lâché l'Iran après une entrevue du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avec le président américain George W.Bush. Peu auparavant, dans la journée de mardi, le Kremlin avait assuré que les «intérêts» de la Russie ne «différent» pas des ceux des Etats-Unis et de l'Union européenne sur le dossier iranien selon le conseiller diplomatique du président russe, Sergueï Prikhodko qui a indiqué que «les intérêts de la Russie en Iran ne diffèrent pas de ceux de nos partenaires européens et américains». M.Prikhodko, cité par l'agence Ria Novosti, a souligné: «Il y a des divergences sur les méthodes pour arriver à ce but, mais le but est le même: que l'Iran soit un voisin prévisible et que de là-bas n'émane pas un danger de prolifération des armes de destruction massive». Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, en visite à Washington, a donné l'impression mardi que Moscou renonçait à trouver un compromis sur le nucléaire iranien -qui aurait permis de faire l'impasse sur la saisine du Conseil de sécurité- après un entretien avec son homologue américaine, Condoleezza Rice, et l'audience que lui a accordé le président Bush. Après le refus de Washington du plan russe, qui aurait donné à Téhéran d'enrichir à petites doses son nucléaire, M.Lavrov, faisant le constat des lectures divergentes des Etats-Unis et de la Russie sur le nucléaire iranien s'est, quelque part, incliné face à la détermination américaine en déclarant après son entretien avec le président Bush: «Il n'y a pas de proposition de compromis. Et il ne peut pas y avoir de proposition de compromis». Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) en réunion depuis lundi à Vienne, qui n'a pas réussi à rapprocher les points de vue de ses membres sur le dossier iranien -de nombreux désaccords subsistant- se donne jusqu'à la semaine prochaine pour trouver un compromis. Cependant, Washington refuse tout arrangement qui ne soit pas le renoncement total de l'Iran à son programme d'enrichissement et de recherches dans le domaine du nucléaire. Les 35 membres du Conseil devaient examiner hier le rapport du directeur général de l'Aiea Mohamed El Baradei, lequel sera automatiquement envoyé pour examen au Conseil de sécurité de l'ONU, conformément à une résolution du 4 février dernier. D'aucuns espéraient trouver une sortie lors des discussions en cours à l'Aiea, mais l'espoir reste mince face à deux déterminations aussi tenaces l'une que l'autre: celles des Etats-Unis et de l'Iran. La Maison-Blanche a rejeté mardi l'idée russe que «le régime iranien» puisse enrichir à petites doses de l'uranium, alors que, plus précis, le porte-parole du département d'Etat Tom Casey affirmait: «On ne peut pas laisser le régime (iranien) poursuivre l'enrichissement à quelque niveau que ce soit, parce que cela (...) lui permettrait de maîtriser cette technologie (qui) pourrait ensuite s'appliquer facilement à un programme clandestin de fabrication d'arme nucléaire». Le compromis proposé par la Russie est fondé sur le principe que Téhéran puisse disposer d'une «petite unité d'enrichissement d'uranium pour la recherche» en Iran après, bien entendu, un moratoire et une pause de quelques années. Or, l'Iran refuse d'envisager un moratoire ou encore de renoncer à son droit à la recherche et à l'enrichissement à petites dose, mais dit accepter un arrêt de son programme d'enrichissement qui ne saurait alors aller au-delà de deux ans. Aussi, l'Iran ne semble pas prêt à renoncer à ses droits comme lui en fait injonction Washington. De fait, dans un discours prononcé mardi devant les membres de l'Aipac (American-Israeli Public Affairs Committee), principal lobby pro-israélien américain, le vice-président américain Dick Cheney a déclaré que l'Iran s'expose à des «conséquences sérieuses» s'il refuse de se conformer aux exigences des Etats-Unis et de l'Union européenne, l'enjoignant de mettre un terme à son programme nucléaire. «Le régime iranien doit savoir que s'il persiste sur sa voie actuelle, la ‘'communauté internationale'' est prête pour imposer des conséquences sérieuses» à ce pays, a dit M.Cheney et d'avertir que les Etats-Unis envisagent «toutes les options» possibles, y compris «militaire», affirmait il y a quelques jours le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld pour répondre à la crise nucléaire avec l'Iran. Peu impressionné, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré hier que «si quelqu'un veut violer les droits de la nation iranienne il va vite regretter son acte», affirmant «l'Iran ne cèdera pas aux pressions politiques et au chantage» au moment où l'exécutif de l'Aiea est réuni à Vienne pour examiner le dossier nucléaire iranien et que les Etats-Unis menacent d'intervenir y compris militairement.