Mounira Nacer, la timide et compétente présidente de la section correctionnelle du tribunal de Cheraga (cour de Tipaza) était entrée de bonheur dans la salle d'audience, au moment où garait, dans la cour de la juridiction, le fourgon de transport des détenus, en vue de liquider le monstrueux rôle de la journée. Et parmi les inculpés à juger, il y avait là un prof de l'Ecole nationale de la magistrature, poursuivi par un citoyen qui s'est trouvé victime d'un faux. Une affaire que n'importe quel magistrat, redoutait: «Juger son propre professeur!» Nacer, la juge commença donc, par appeler à la barre, deux jeunes inculpés de vol par effraction, coups et blessures volontaires, à l'aide d'une arme blanche, qui demandèrent aussitôt, le report des débats, le temps de se payer un avocat, car, craignant le bras de la justice. Le renvoi est prononcé à la grande satisfaction des jeunes détenus. Mais avant d'entendre un couple en désagrégation, la juge décida de renvoyer le procès intenté par un mastodonte de tôlier, à l'encontre du professeur de médecine, affecté, en qualité d'enseignant à l'Ecole nationale de la magistrature. Et c'est précisément à cause de ce noble prétexte, et pour éviter toute atteinte à la déontologie, Nacera avait opté pour le désistement pur et simple de l'affaire, que traitera probablement un ou une collègue, qui n'aura pas connu le prof poursuivi. La victime seule ne souriait pas; il y avait de quoi, elle, qui voulait absolument prouver que tout était pourri dans la juridiction, la plus décriée, du centre du pays, car elle demeure une très proche voisine du «Club des pins»!!!