Un festival sexagénaire en pleine forme. Mais voilà Rome qui pointe le bout du nez et conteste la suprématie de la ville des Doges en organisant sa propre fête de la culture. Tout le monde le sait en Italie, que l´ex-vice président du Conseil du premier gouvernement de la Sinistra et ancien ministre dei beni -culturali (des Biens culturels), aujourd´hui maire de la ville de Rome- il en est à son deuxième mandat Walter Veltroni, est un féru de grande qualité du cinéma universel. L´idée lui trottait depuis belle lurette de faire de Rome, la capitale mondiale du cinéma, en risquant de mettre en crise les prestigieux autres festivals, comme ceux de Venise, Cannes et Berlin. Pour l´instant, la Mostra de Venezia en est à sa 63e année, une Mostra haute en couleur, avec tapis rouge tout le long de la Croisette et comédiens de «haute volée» sur la passerelle du Lido, à l´exemple de la diva du jour, Scarlett Johanssan, 22 ans de The Black Dahlia et son talentueux metteur en scène, Brian De Palma, ou bien le grand Oliver Stone avec son film sur World Trade Center, dans lequel Nicolas Cage interprète un des policiers, arrivé le premier aux Twin Towers, après l´écrasement de deux avions et l´effondrement des deux tours, c'est aussi la grande dame du cinéma anglais, Helen Mirren, la Régina du film de Stephen Frears The Queen. 21 grands films pour le Lion d´Or, la statuette qui récompensera le 9 septembre, date de clôture de la Mostra, la meilleure pellicule, du meilleur «cru 2006». Il y a aussi le film surprise, qui peut faire la différence au sein du jury, dont la présidente n'est autre que la diva du cinéma français, Catherine Deneuve, star et comédienne des années 60-70, la Catherine de «Belle de jour» de Luis Bunuel et ex de Marcello Mastroiani, le beau brun du cinéma «italia», qui a fait les belles scènes de Federico Fellini, qui immortalisa La Dolce Vita avec Anita Ekberg. Ce film est venu directement du Tchad, et raconte les horreurs de la guerre civile, inspiré de l'expérience personnelle de son réalisateur, le cinéaste Mahamat Salah Haroun, un rescapé qui, blessé, a fui son pays. Daratt en est le titre. L´itinéraire d´un adolescent de 16 ans, Atim, qui refuse l´amnistie accordée aux criminels et décide de rechercher l´homme qui a assassiné son père durant cette longue guerre fratricide pour le tuer. Quand Atim le trouve, c´est pour lui un conflit de conscience, entre le désir de se faire justice et celui de l´oubli et du pardon...Dilemme qui se pose, en fait, à presque tous les pays africains qui, ces années, ont eu peu ou prou à subir les affres de la guerre civile. «Faut-il se résigner et continuer à vivre ensemble, après tant de violences, de massacres et de haine? Ou faut-il se faire justice soi-même?». Dilemme de l´impunité...Tout en pensant à la nôtre de «réconciliation nationale». Le cinéma africain retourne à la Mostra de Venezia, après 20 ans d´absence. Daratt est le premier film du Tchad à concourir officiellement, dans l´histoire de ce festival....c´est-à-dire depuis 63 années. Pour revenir à la «bataille» entre géants, c'est celle qui se dessine entre deux villes de prestige, Rome et Venise, entre deux philosophies de la vie que prônent ces deux capitales, semblables et dissemblables à la fois, l´une à la tête de laquelle se trouve un politique reconnu comme l´un des futurs candidats à la Présidence du conseil, estimé des deux bords de la classe, celle de la majorité au pouvoir, que de la minorité qui est dans l'opposition. Walter Veltroni est le premier citoyen de Rome, son alter ego n´est pas, en fait, le premier venu, mais reste néanmoins méconnu auprès du grand public, le philosophe Massimo Cacciari, maire de Venise, c'est de lui qu'il s'agit, en fait, l'un des intellectuels les plus en vu, en Italie. Ces deux fortes personnalités appartiennent, toutes les deux, à la famille du centre-gauche de la politique italienne, donc ces deux hommes sont du même bord...mais avec des différences de pensées certaines. «Si j´apprends que Rome a privé Venise d´un seul euro de financement public, je sors mon pistolet»...Qui s´est exclamé ainsi?...non é vero, (ce n´est pas vrai), le philosophe Cacciari, le maire de Venezia... Par contre, le démocrate de gauche (DS), Veltroni, qui a réussi à réunir la somme de 10 millions d´euros entièrement autofinancée, prépare, lui, sa fête romaine intitulée «La fête de cinéma internationale de Rome», qui aura lieu du 13 au 21 octobre prochain. Une fête culturelle, spectaculaire et populaire, qui aura pour invités...laissez-moi vous le dire, rien moins que Nicole Kidman, Sean Connery, Monica Bellucci, Robert de Niro, et la liste n´est pas encore fermée, sans oublier le cinéaste italien Ettore Scola, qui présidera le jury populaire de cette manifestation qui fera certainement, et plus que certainement, couler beaucoup d´encre....entre deux grandes et prestigieuses métropoles, Rome et Venise ou vice- versa...heureusement. Nous reviendrons sur la suite de cette belle histoire culturelle.