Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a quitté hier Alger à destination de New York (Etats-Unis), pour participer aux travaux de la 78e session ordinaire de l'Assemblée générale (AG) de l'ONU. Après avoir écouté l'hymne national, le Président Tebboune a passé en revue une formation de la Garde républicaine qui lui a rendu les honneurs à l'aéroport international d'Alger «défunt Président Houari-Boumediene». Il a été salué, à son départ, par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le Général d'Armée Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-Major de l'ANP et le Directeur de cabinet à la présidence de la République, Mohamed Ennadir Larbaoui. Plus de 140 dirigeants sont attendus à l'Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre demain avec la mise en lumière d'une fragmentation du monde qui se bat contre une avalanche de crises.»Nous allons nous réunir à un moment où l'humanité fait face à d'immenses défis, de l'aggravation de l'urgence climatique à l'escalade des conflits, en passant par la crise mondiale du coût de la vie, la montée en flèche des inégalités et les bouleversements technologiques spectaculaires», a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avant cette grand-messe annuelle.» Le «fossé» Nord/Sud Les gens attendent de leurs dirigeants une solution pour sortir de ce pétrin», a-t-il insisté, déplorant une nouvelle fois la «fragmentation» du monde qui «réduit notre capacité à répondre» à ces crises. Une fragmentation géopolitique dont témoigne le conflit en Ukraine entre la Russie et l'alliance occidentale depuis un an et demi. Cette guerre, avec ses impacts en cascade, notamment sur la sécurité alimentaire mondiale, va sans aucun doute peser sur cette semaine diplomatique intense, éclipsant d'autres crises. S'agissant du conflit en Ukraine, une majorité de pays a adopté plusieurs résolutions soutenant Kiev et son intégrité territoriale. Mais les pays du Sud «disent clairement que l'heure est à la diplomatie». Alors, si le président Zelensky continue les appels à ses alliés pour lui fournir plus d'armes, «il risque de transformer cette opportunité en une crise diplomatique», et de créer des «frictions» avec les pays en développement.»Il y a un fossé grandissant entre le monde en développement et le monde développé», s'inquiète de son côté un haut diplomate européen. Et il faut «s'assurer que ce fossé ne se creuse pas encore plus», poursuit-il, reconnaissant que la guerre en Ukraine «vole l'attention politique et économique à des problèmes mondiaux urgents comme la sécurité alimentaire, les catastrophes climatiques, les inégalités, l'accès aux financements». Dans ce contexte, Antonio Guterres a assuré qu'il essaierait une nouvelle fois de convaincre la Russie de revenir dans l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, crucial pour l'alimentation mondiale. L'ONU et les diplomates occidentaux insistent aussi sur l'importance du sommet de demain sur le développement, capital pour les pays du Sud dont les dirigeants seront présents en nombre. Pauvreté et climat Les gouvernements devraient s'y engager à «agir avec urgence» pour sauver les 17 «Objectifs de développement durable» pour 2030. Ces objectifs «en péril» visent à améliorer le sort des plus de huit milliards d'êtres humains tout en protégeant la planète: éradication de l'extrême pauvreté et la faim, accès à la santé, à l'eau potable, à l'éducation ou à l'énergie, lutte contre le changement climatique...Antonio Guterres réunira d'autre part mercredi les dirigeants des pays qu'ils considèrent comme les premiers de la classe en matière d'ambition climatique. Mais les noms des heureux élus n'ont pas encore été rendus publics. Malgré l'attention portée à l'Ukraine, d'autres dossiers géopolitiques internationaux devraient trouver leur place, notamment l'Iran, en présence du président Ebrahim Raïssi, ou encore Haïti, alors que le Conseil de sécurité discute d'un mandat pour envoyer une force internationale aider la police contre les gangs. L'assemblée se déroulera en revanche en l'absence remarquée du président français Emmanuel Macron et du Premier ministre britannique Rishi Sunak, ainsi que celles moins commentées des présidents russe et chinois. Les Etats-Unis, avec Joe Biden, seront le seul membre permanent du Conseil de sécurité représenté au plus haut niveau, une situation que certains diplomates voient comme un mauvais signe pour l'ONU.Mais interrogé sur ces absences, Antonio Guterres a estimé que «ce qui est important est l'engagement des gouvernements respectifs», pas la présence d'untel ou untel: «Ce n'est pas une foire aux vanités».