La réussite de l'enseignement de cette langue passe par la formation d'instituteurs de qualité. Une première dans l'histoire de l'école algérienne: le tamazight, la langue des Berbères, fait son entrée officielle dans le cycle de l'enseignement primaire. Elle aura le statut d'une langue entière dispensée pour les enfants, scolarisés en 4 éme année de leur parcours scolaire, dans dix sept wilayas du pays. Elle concerne principalement les régions à forte concentration de berbérophones. Soit une population qui avoisine les 25% à 35% des Algériens, estimation donnée par l'éminent Professeur Salem Chaker, spécialiste en linguistique berbère. Reconnue langue nationale en 2002 sous l'ère du gouvernement Benflis, le tamazight a fait ses premiers pas à l'école, dans le cycle secondaire, bien avant. Dans un cadre facultatif qui ne concernait que les populations de certaines villes du centre du pays, Tizi Ozou et Béjaïa. Cela répondait à une urgence, à savoir, répondre à la pression populaire exercée sous la forme de la «grève du cartable». Un boycott scolaire qui a entraîné la consécration d'une année blanche à l'école pour des milliers de chérubins de Kabylie. Une autre «première» en Algérie où le pouvoir n'a fait des concessions à la langue des ancêtres que suite à un féroce bras de fer. Les politiques de la région ont alors joué et risqué gros. Le RCD initiateur du mouvement est allé jusqu ‘au bout de sa logique revendicative. Le résultat fùt en déça des attentes. Les autorités n'ont accordé qu'un strapontin de langue facultative et sans encadrement réel pour le tamazight. L'objectif inavoué était de montrer l'impossibilité de réaliser une telle demande. Le désintérêt affiché par les lycéens à l'égard de cette initiative et le manque d'enseignants spécialisés ont montré les limites de l'opération à connotation politique. Le militantisme des uns et des autres a montré ses limites. Le tamazight avait besoin d'une prise en charge réelle et d'un calendrier bien étudié pour son introduction à l'école. La réussite de l'enseignement de cette langue passe par la formation d'instituteurs de qualité et de moyens pédagogiques modernes. On ne réveille pas de façon brutale une langue qui dort depuis des siècles. Pour renaître dans son milieu naturel, le tamazight a besoin d'abord d'être reconstruit sur la base de ce qui reste de son oralité et de son parler disséminés dans plusieurs contrées de l'Afrique du Nord. Les spécialistes en linguistique, les chercheurs et tous ceux qui s'intéressent à cette langue sont tenus de conjuguer leurs efforts dans un cadre organisé pour rendre efficace leur entreprise. Le Haut conseil à l'Amazighité installé par le président de la République est le cadre qui sied le mieux pour une telle oeuvre. Sortir cette question du champ politique et la verser dans son environnement naturel et pédagogique est le meilleur service que peuvent lui rendre les militants de la cause. Le HCA est appelé à reproduire la création d'instituts de formation d'enseignants qualifiés pour éviter les erreurs de la politique d'arabisation accélérée en Algérie qui a conduit à la formation d'analphabètes dans les écoles. Le ministère de tutelle, parrain de la nouvelle initiative, semble avoir adopté une politique pragmatique en introduisant cette année l'enseignement de la langue tamazighte à un cycle où l'enfant est apte à assimiler les rudiments d'une «nouvelle» langue. Cette démarche doit être soutenue par un suivi et une évaluation graduelle pour permettre aux enfants de ce pays de se familiariser avec la langue de leurs aïeux sans avoir le sentiment qu'ils sont différents des autres enfants de l'Algérie. Sa généralisation sur tout le territoire national doit être un objectif déclaré de cette nouvelle initiative gouvernementale. Le tamazight peut alors être un facteur supplémentaire du resserrement des rangs et d'unité. L'Algérie semble prête à exorciser les vieux démons qui l'ont habitée depuis longtemps. En attendant son officialisation, tamazight est déjà à l'école, le temps de faire ses classes. Le temps que les initiateurs de cette politique d'ouverture linguistique fassent leurs preuves.