Pendant quatre jours, ces ateliers de formation serviront à regarder, par l'analyse filmique, une oeuvre d'art. Depuis samedi dernier, la filmothèque Mohamed-Zinet de Riadh El Feth accueille la 2e session de stage consacrée, à l'adresse des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle, à la critique cinématographique. Pendant quatre jours, en effet, des ateliers de formation sont destinés à apprendre par l'analyse filmique les bases culturelles et techniques nécessaires à la critique cinématographique», autrement, comment regarder une oeuvre d'art et en parler vis-à-vis du public ou des téléspectateurs? Cette année, un autre stage est organisé au profit des amateurs du film d'animation. Il s'agit, selon son animateur Pierre Azuelos, de commenter le maximum de films dans ce genre et, partant, à comprendre son mécanisme de construction dont l'image est différente du réel. Sur initiative de l'ambassade de France, ces ateliers viendront, depuis samedi et ce jusqu'au 12 septembre, compléter, si ce n'est approfondir et enrichir les connaissances des journalistes «culture», lesquels, affirment les organisateurs, «jouent un rôle important d'éveil du goût artistique et de formation de l'esprit critique». Aussi, le premier atelier est pris en charge, comme l'an dernier, par Luc Lagier, rédacteur en chef du magasine TV court-circuit, diffusé sur Arte et produit par MK2 - TV1, une société de production audiovisuelle à Paris. Pour le premier jour, «prise de contact», Luc Lagier nous confiera d'abord la démarche de son travail qui consiste à analyser différents sujets, partant des courts métrages aux films de fiction jusqu'aux vidéo-clips. Il s'agira, entre autres, de décrypter une image et voir comment les idées circulent entres elles et s'influencent les unes, les autres, «de proposer du cinéma par le biais de la marge», sans pour autant coller à l'actualité mais notamment à la sortie d'un DVD qui donnera l'envie de s'intéresser à tel ou tel cinéaste, fut-il vieux, et de rappeler son riche parcours. Luc Lagier évoquera, par ailleurs, les contraintes auxquelles il doit faire face, notamment la cherté des droits de diffusion. Aussi, son obsession de prouver par l'image, n'a pu être assouvie en voulant, à titre d'exemple, faire un travail sur les films de David Linch, un de ses réalisateurs préférés. Selon lui, il n'y a de bonne critique que la subjective qui tend à montrer comment une émotion peut influer sur lui, mais toujours via des arguments imagés. Premier exemple projeté à l'écran est le court métrage de Georges Lucas, réalisé en 1967, Electronic Labyrinth ou THX 11384 EB. Luc Lagier qui se dit fasciné par les premiers pas des réalisateurs, nous prévient de ne jamais perdre de vue le contexte politique, personnel et cinématographique de chaque réalisation. Le court métrage est devenu, plus tard, le modèle d'un long métrage que David Linch a réalisé. Dans un autre registre, Une histoire de ballon, de Stephanie Gillard, est un film sur le Cameroun, via son point fort, le football. Tourné en 2002 et sorti en 2005, ce film documentaire a nécessité 5 semaines de tournage afin de nous dire tout l'amour qu'attachent les Camerounais au football. Des interviews de ses habitants ont toujours pour pronostic concernant le résultat de la Coupe du monde, la victoire du Cameroun. Au-delà de cette effervescence ressentie à travers l'image qui nous fait plonger dans l'écran, car cela nous ressemble tant, c'est cet effacement de cette tradition orale au profit de l'image, que la réalisatrice tente de démonter. Le fond du sujet: comment une image peut-elle nous raconter une histoire. Et puis, au lieu d'écouter la radio, on veut regarder la télé. «Quand on voit, on fait des commentaires. Ecouter pousse à parler», dit ce villageois. L'absence de l'image fait-elle plus travailler l'imaginaire? se demande-t-on. Et puis vient conforter cette théorie ce «but mystique» qui n'a jamais été filmé. Sublimé, le foot devient un mythe car il laisse place à toutes les spéculations. Malgré quelques lenteurs, ce film est soutenu par une belle bande - son qui illustre l'ambiance de liesse des supporteurs de foot mais aussi sa nonchalance, sa couleur locale sans recherche d'exotisme. Le film dévoile, en filigrane, les dessous politiques que peut générer le pouvoir du football, dit d'une manière un peu naïve par un des Yaoundais. Le film sert la cohésion sociale et règle, par conséquent, les problèmes économiques du pays qui voit son honneur retrouvé, entendons-nous, dans le film. Ironie du sort, au même moment se déroulaient les élections législatives qui seront complètement occultées jusqu'à la défaite du Cameroun. Une simple et touchante histoire... le film sera projeté d'ici la fin de l'année, sur Arte.