L'initiative pour «la consolidation de la cohésion nationale et la sécurisation du pays» n'a pas encore dégagé des mécanismes à même de rendre pratique le cadre organisationnel de cette démarche tant attendue par les forces vives de la nation. Pourquoi assiste-t-on à cette espèce d'immobilisme quant à la mise en oeuvre de ce projet auquel toute la classe politique a affiché son soutien et son adhésion? Depuis la rencontre de 19 août dernier, rien n'a été entamé dans le sens de la concrétisation de ce grand rassemblement patriotique qui aura à renforcer la cohésion nationale et consolider le front interne du pays. La Conférence nationale, qui s'est déroulée en été, a vu la participation de plusieurs partis constituant la classe politique du pays. La dynamique de la société civile a aussi participé, d'une manière massive, aux côtés de l'Ugta et d'autres syndicats du pays. Cette participation significative n'a pas caché l'absence de partis connus traditionnellement par leur présence sur l'échiquier politique national, à savoir le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front des forces socialistes (FFS). La première démarche du rassemblement pour la consolidation du front interne s'est exprimée à travers une approche patriotique extra-partisane. Cette exigence a été rappelée par certains partis qui ont participé à la Conférence nationale dans le but de faire réussir l'initiative, qui appartient à toutes les forces patriotiques. La rencontre s'est soldée par l'affirmation que «l'initiative demeurera fidèle au serment des chouhada et des moudjahidine, à leurs sacrifices et aux valeurs de la nation et du peuple algérien et ses aspirations à sécuriser l'avenir dans un Etat fort, social et démocratique, qui crée le développement et soutient les valeurs de libération contre toutes les formes de colonisation et de tyrannie», ont affirmé ses initiateurs. L'anticipation des «évènements» a porté aussi sur «le soutien des parties de cette initiative aux causes justes dans le monde, en tête desquelles les questions palestinienne et sahraouie, dans leur lutte pour le recouvrement de leurs droits légitimes», et également «au renforcement du front interne, à l'adhésion autour des institutions de l'Etat et au soutien également de ses positions stratégiques et au resserrement des rangs et à l'unification des positions pour défendre l'intérêt suprême du pays», note-t-on. Le MSP a affiché rapidement son refus de participer à cette Conférence non pas parce qu'il est contre la démarche du rassemblement patriotique, mais surtout pour des raisons en rapport avec la présence du mouvement El Binaa à la tête de cette initiative qui est coiffée par l'ancien transfuge du MSP, Abdelkader Bengrina. À ce propos, le MSP a souligné: «On est dans l'opposition et on s'est retrouvé dans un espace de la majorité présidentielle. Il y a des «divergences», notamment par rapport à l'analyse de la situation. N'importe quelle initiative dans laquelle ne s'inscrit pas le régime est vouée d'avance à l'échec. Le pays a besoin de décisions concrètes» et non de «réunions qui seront sanctionnées par un communiqué, et puis rien», a rappelé le chef du groupe parlementaire et vice-président du MSP, Ahmed Sadouk. Il est clair que le MSP s'oppose farouchement à ce que le président d'El Binaa, Abdelkader Bengrina, chapeaute une démarche si importante et en rapport avec le rassemblement de tous les Algériens dans un cadre patriotique marquant et très important. Il s'agit d'un poids «politique» qui risque d'être instrumentalisé. La première fissure est apparue juste après la rencontre de 19 août, le jour de la Conférence nationale dédiée à l'initiative du renforcement de la cohésion nationale et la consolidation du front interne. Les différences ont pris une autre tournure qui s'est manifestée par le lancement d'une autre initiative émanant du Front des forces socialistes. La d'ifférences du FFS, qui s'intitule: «Un pacte historique pour le parachèvement du projet national», est expliquée par ses initiateurs comme étant une manière qui «s'adresse à toutes les forces politiques à la fois engagées dans la défense de l'Etat de droit, des libertés, de la justice sociale et intransigeants quand il s'agit de s'opposer fermement aux velléités, internes ou externes, de porter atteinte, sous quelque prétexte que, ce soit, à l'intégrité et l'unité du pays, à l'Etat et à ses institutions», et d'ajouter: «Elle vise à transcender -sans les nier- les clivages idéologiques et s'inscrit au-delà des échéances électorales. Chaque parti, dont le nôtre, étant libre de sa position et de son agenda électoral», souligne-t-on. On assiste à plusieurs démarches pour un seul objectif, à savoir la consolidation du front interne et le renforcement de la cohésion nationale. Dans tout cela, l'essentiel n'a pas été encore mis en oeuvre, à savoir la matérialisation de l'initiative, à travers un cadre rassembleur opérationnel et mobilisateur des forces vives de la nation.