Le ministre n'a pas été explicite quant à la teneur de ces dites dispositions. Au moment où une lutte implacable, contre les derniers nids terroristes, est menée par les forces de sécurité, à travers le pays, le bilan de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n'a pas encore été rendu public. Ce qui n'a pas manqué de susciter inquiétudes et interrogations, aussi bien chez les familles victimes du terrorisme que de l'opinion publique. Devant initialement être dévoilé, au cours d'une conférence de presse du ministre de la Justice garde des Sceaux, prévue à la fin du mois d'août dernier, ledit bilan a été renvoyé aux calendes grecques. Les déclarations de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, évoquant des blocages au niveau de certaines wilayas, les divergences au sein de l'Alliance présidentielle sur certains points de la charte, à savoir l'amnistie générale et le dossier du retour d'anciens dirigeants de l'ex-FIS à l'étranger, sont entre autres, les «ingrédients» d'une controverse qui risquerait de s'étaler dans le temps. En attendant, bien sûr que les différents acteurs chargés de la mise en oeuvre de cette phase décisive de la réconciliation nationale, parviennent à accorder leurs violons. Une situation de confusion généralisée qui rend difficile l'annonce, du moins dans l'immédiat, d'un bilan positif. Même le chef de l'Etat, attendu lors du dernier conseil des ministres, n'a pas évoqué ce dossier, qui tient en haleine l'opinion publique nationale. «Patientez encore...» cette phrase lâchée par le ministre de l'Intérieur, hier à l'occasion de la sortie de promotions à l'Ecole nationale de la Protection civile de Dar El Beïda, dénote, on ne peut plus clairement, l'embarras dans lequel s'est enfermé le pouvoir. Le ministre a indiqué, dans ce contexte, que «des dispositions seront prises» au sujet de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale après le 31 août 2006, date du délai d´expiration de sa mise en oeuvre. Cependant, le ministre n'a pas été explicite quant à la teneur de ces dites dispositions. A une question de savoir si le délai de repentance serait prorogé au-delà du 31 août, Zerhouni rétorque: «On ne va quand même pas demander à celui qui descend du maquis pour déposer les armes d´y retourner». Avant d'ajouter «qu´il y a des situations auxquelles on doit faire face». De quelles situations s'agit-il? Sont elles inhérentes à des questions d'ordre technique ou autre? Puisque des sources sûres affirment que le volet politique, à savoir l'exigence des dirigeants de l'ex-FIS, de recouvrer leurs droits politiques, figurerait parmi les obstacles à la mise en oeuvre dans sa globalité de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. D'autant plus que des membres des chefs de l'AIS et des dirigeants du parti dissous n'ont cessé d'intégrer leur retour sur la scène politique, comme l'une des conditions à une «réconciliation nationale véritable». Même si pour le pouvoir le dossier de l'ex-fis est censé être «définitivement clos». Le président, a d'ailleurs été on ne peut plus clair, lors de l'annonce de son projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale, à savoir que ceux qui étaient derrière la tragédie nationale ne reviendront pas sur la scène politique. Par ailleurs, au chapitre des indemnisations, M.Zerhouni a indiqué que «plus de 41.000 dossiers d'enfants et de veuves victimes de la tragédie nationale ont été déposés». En somme, pour Yazid Zerhouni «les résultats de la mise en oeuvre de la réconciliation nationale sont très positifs» Le ministre n'en dira pas plus et tente, à chaque fois, d'esquiver la question des journalistes dont la présence à l'Ecole de la Protection civile était plus pour le «coincer» sur le dossier de l'heure, à savoir la polémique née de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. A l'image des réponses «prudentes» du ministre de l'Intérieur, c'est tout l'embarras du pouvoir, par rapport au dossier de la réconciliation nationale, qui est exprimé.