Le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a estimé que la vidéo de Ayman al-Zawahiri confirmait les inquiétudes des autorités françaises. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, dont le ralliement à Al Qaîda a été annoncé par Abdelmalek Droukdel, dit «Abou Mossaâb Abdelouadoud», le 11 septembre dernier, pourrait constituer «une menace sérieuse» pour la France dans les prochains mois, et devenir le «bras armé» d'Oussama Ben Laden outre-Méditerranée, après les avertissements brandis par le numéro deux d'Al Qaîda, Ayman al-Zawahiri, de frapper «les croisés américains, français et leurs alliés». Cette information s'imbrique à celle formulée par le chef du Gspc dans son dernier communiqué: «Nous prêtons allégeance à cheikh Oussama Ben Laden (...). Nous poursuivrons notre djihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise qui il voudra et partout où il voudra. Tout en décidant de rallier Al Qaîda et de prêter allégeance à Ben Laden, nous conseillons à nos frères de tous les autres mouvements jihadistes, partout dans le monde, de ne pas manquer cette union bénie (...) L'Organisation d'Al Qaîda est la seule habilitée à regrouper tous les moudjahidine, à représenter la nation islamique et à parler en son nom», ajoute l'émir du groupe qui considère la France comme son «ennemi n°1». Dans son dernier message vidéo, et répondant en écho à Abdelmalek Droukdel, al-Zawahiri a annoncé le ralliement du Gspc à son organisation et menacé la France en affirmant que le groupe algérien serait une «épine» dans la gorge des Français. «Nous prions Dieu pour que cela soit une épine dans la gorge des croisés américains et français et de leurs alliés», a déclaré le conseiller d'Oussama Ben Laden dans cette vidéo de plus d'une heure. De premiers extraits, appelant à frapper les pays du Golfe et Israël, avaient été diffusés à l'occasion du 5e anniversaire des attentats du 11 septembre. Le ralliement du Gspc à Al Qaîda s'est fait sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, l'organisation de Ben Laden faisant passer celle de Abou Mossaâb par une sorte de période probatoire au bout de laquelle il a consenti à accepter ce nouvel équipier, en fait bien utile dans une région où Al Qaîda n'a jamais réussi à s'implanter sérieusement. Dans un premier enregistrement, datant d'un peu plus d'une année et dont on a pu écouter quelques extraits, Oussama Ben Laden faisait l'éloge du djihad lancé contre les Etats-Unis et les «forces du mal» et encensait certains groupes djihadistes, dont le Gspc, qu'il citait sous la formule de «nos frères en Algérie». Par la suite, Ayman Zawahri faisait aussi les louanges des frères djihadistes d'Algérie et un éloge appuyé du Gspc. Enfin, Abou Mossaâb Zarkaoui, lui, citait nommément, dans un enregistrement datant de peu avant sa mort, «le frère Abou Mossaâb Abdelouadoud» et renseignait, de ce fait, sur les liens qui soudent toutes les organisations djihadistes actuels et la stratégie qui les unit. Pour le Gspc, il s'agissait désormais de mener «une guerre sans fin», car le djihad qu'il a choisi fera encore des dégâts sur le long terme, sans qu'il soit possible, pour autant, de négocier politiquement avec des meneurs qui ont choisi un terrain résolument et absolument hiératique. Voilà où se pose actuellement le Gspc, qui semble plus à l'écoute d'Al Qaîda pour prendre des décisions qui s'imbriquent désormais dans une «guerre sacrée» transnationale, et non plus de type local. Aussitôt après la diffusion de l'enregistrement d'al-Zawahiri, nous avons assisté à une véritable tension dans les milieux politiques officiels français. Le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a estimé que la vidéo confirmait les inquiétudes des autorités françaises. «Il ne s'agit pas de baisser la garde, il y a bien une situation de risque», a-t-il déclaré, lors d'un déplacement à Amiens dans le nord de la France. Zawahiri, qui a affirmé avoir été chargé par Ben Laden, en personne d'annoncer «la bonne nouvelle aux musulmans», a souhaité que le ralliement du Gspc «soit source de dépit, de tristesse et de chagrin pour les apostats, fils traîtres de la France». «Nous prions Dieu pour que nos frères du Gspc réussissent à frapper les principaux membres de la coalition croisée, et plus particulièrement leur vieux leader, l'Amérique vicieuse», a-t-il ajouté. Zawahiri s'en est également pris à la décision de la France d'interdire le port du foulard islamique dans les écoles publiques, à l'occasion d'une tirade contre les défaitistes arabes(..)qui ont vendu leur religion contre toutes sortes de privilèges, à l'instar de ceux qui autorisent la France à interdire aux musulmanes de couvrir leurs têtes dans les écoles. Il y a une année, et suite à un communiqué du Gspc,le risque terroriste en France était estimé très élevé. Une inquiétude amplement justifiée à la lecture d'une note confidentielle des services de renseignement reprenant, le 14 septembre 2005, un communiqué du Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, dont étaient proches les islamistes interpellés au même moment par la DST à Evreux (Eure) et Trappes (Yvelines). Dans ce texte, l'émir du Gspc Abdelmalek Droukdel concentre ses attaques contre Paris. «L'hostilité de la France et sa perfidie ne nous font pas peur», assénait-il, «la France est notre ennemi numéro un, l'ennemi de notre religion et de notre communauté». Le chef du Gspc affirmait ensuite que «le projet d'un retour de la France en Algérie par différents moyens, hormis l'intervention militaire, est toujours d'actualité. Aussi, la seule façon de mettre fin à la convoitise de la France est le djihad au nom d'Allah qui est le seul moyen de briser l'influence de la France en Algérie et de l'écarter des affaires intérieures algériennes». Le groupe terroriste indiquait ensuite qu'il suivra «attentivement les politiques de la France» avant de conclure: «Nous couperons ses influences en Algérie. Le seul moyen de rendre la France disciplinée est le djihad et le martyr pour l'islam. Je jure, au nom d'Allah, que nos ennemis ne seront pas tranquilles, qu'aucune porte ne sera ouverte devant eux en Algérie.»