De très vastes galeries souterraines ont été découvertes sur les hauteurs de Keddara, à la fin de la semaine dernière. Les casemates, au vu de leur extraordinaire importance, leur longueur et les moyens logistiques qui y furent découverts, ont été qualifiées de Tora Bora, car elles rappellent les célèbres galeries afghanes. Les éléments de l'ANP continuent, à ce jour, de fouiller, avec minutie et une extrême rigueur, chaque conduit souterrain. Mais déjà, on y a trouvé toute une logistique, un aménagement pour une longue durée et des ateliers de fabrication de bombes. Les ateliers constituent la découverte la plus importante. Du soufre, du baroud, du fer à béton coupé en petites parcelles et divers produits servant d'explosif ont été trouvés. D'autres casemates contenaient divers matériaux de construction, des «outils de travail», telles des chignoles, des tronçonneuses, etc. Un groupe électrogène fait aussi partie du lot. Ce vaste «réseau de communication souterrain» semble avoir été abandonné peu de temps avant que l'armée n'investisse les lieux. Aucun élément des groupes armés n'y a été trouvé, et vu le risque que peut représenter le minage de l'endroit, les militaires, aidés d'artificiers et de démineurs, avancent à pas de loup. Aux alentours de cette véritable «toile d'araignée en sous-sol», fut aussi découvert un immense parc automobile, mais tous les véhicules utilitaires ont été, au préalable, soigneusement «désossés». Les pièces, ainsi récupérées, semblent avoir servi au financement des opérations terroristes, comme ce fut toujours le cas auparavant. L'importance de ce «cimetière d'automobiles» est d'environ plusieurs dizaines de voitures, selon les premières estimations. Les numéros de châssis et les plaques d'immatriculation ayant été détruits, il serait extrêmement difficile de remonter à leurs propriétaires. Rappelons que ce coin accidenté et boisé des djebels Bouzegza et du lieu dit La Guitoune a été, depuis 1995, la zone de repli des groupes affiliés aux Hattab Abdelkader dit Mouloud, d'abord, Hassan, ensuite, depuis 1996. La gestation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) pendant les années 1996 et 1997, puis sa «naissance officielle» vers octobre 1998, avaient définitivement consacré les monts Bouzegza, fiefs de prédilection de l'organisation de Hassan Hattab. Ce n'est que depuis 1999 que le Gspc s'est résolument déplacé vers la région kabyle (Takhoukht, Mizrana, Sidi Ali Bounab, etc.). Le maillage de l'armée a complètement réduit à sa portion congrue l'espace du Gspc à Bouzegza. Toutefois, des incursions épisodiques de quelques éléments de l'organisation y sont signalées, notamment en poussant vers le sud, à Meftah, Larbaâ et Bougara. Pendant près de quatre ans, de 1993 à 1997, Bouzegza et Keddara ont représenté des sanctuaires inexpugnables des groupes armés, avant de «tomber» peu à peu. Sécurisée, aujourd'hui, la région est toujours aux aguets de toute incursion terroriste. Beaucoup de villageois sont venus se greffer autour de la ville de Khemis El-Khechna, et ceux qui y sont encore, sont armés et vivent à proximité des groupements militaires, de gendarmerie ou de gardes communaux.