Personne n'est en mesure de gagner le pari sur un achèvement, en douceur, des débats au sujet de la hausse des salaires. Ulcéré par un rapprochement infructueux entre les fédérations de l'Ugta et les Sociétés de gestion des participations (SGP), Tayeb Louh, ministre du Travail, tentera, aujourd'hui, une seconde réconciliation du couple malade. La mission à la charge du membre du staff gouvernemental n'est, décidément, pas aisée. Il devra aussi s'escrimer à séduire les patrons du secteur privé pour débuter les négociations salariales avec l'Ugta. Jeudi dernier, Tayeb Louh a affronté les représentants des organisations patronales au sein de son ministère. Les pourparlers ont tourné autour du pacte national économique et social, un projet en construction, mais qui semble atteindre sa phase finale. Ni le gouvernement ni l'Ugta ne sont encore en passe de gagner leur pari sur un achèvement en douceur des débats au sujet de la hausse des salaires. Il a fallu négocier tout d'abord pour satisfaire les employés de l'Etat, c'est-à-dire les travailleurs de la Fonction publique, seule mécanique bien huilée pour le moment. Ensuite, la Centrale syndicale a délégué ses 17 fédérations à faire du charme aux SGP. Le feuilleton, qui perdure depuis avril dernier, ne s'est pas achevé avec un happy end. Au moins cinq fédérations ont encaissé un sévère échec et mat face aux SGP. Il sait bien que les fédérations, en perte de vitesse, se sont lassées de leurs propres batailles; Sidi-Saïd est appelé à exercer un arbitrage, plutôt une démonstration de force afin de débloquer la situation. Quoique les membres du secrétariat national de l'Ugta, tous membres du RND, veulent éviter un arbitrage qui veut dire simplement et clairement l'intervention du gouvernement. La rencontre d'aujourd'hui avec le ministre du Travail, l'Ugta et les patrons du secteurs privé se veut une autre bataille salariale. L'Ugta, qui s'agrippe à une hausse de 20% pour l'ensemble des fonctionnaires du secteur privé, risque de se voir désapprouvée. En tout cas, bien que les négociations n'ont pas encore commencé, les patrons demeurent encore allergiques à la proposition de l'Ugta. Rien n'est encore joué, à en croire l'un des patrons. Un désaveu presque pour la Centrale syndicale. L'Ugta, épaulée par le gouvernement, va devoir aboutir à un consensus avec les patrons. Déjà ça coince avec les SGP. Sidi- Saïd aura vraiment du pain sur la planche. Une autre semaine cruciale s'annonce pour les relations entre l'Ugta et ses différents partenaires. Des discussions d'aujourd'hui découlera l'approche de l'Ugta, bien que d'ores et déjà connue, et des patrons sur la problématique salariale. Le gouvernement, quant à lui, s'est dit prêt à suivre de très près ces pourparlers et s'est offert la mission de soutenir le patronat à travers des facilitations à l'investissement et des réductions fiscales. L'augmentation salariale n'est pas la seule au premier rang de l'agenda. L'Ugta et le patronat se partagent aussi la mission de confectionner le pacte national économique et social. Il est également question de solutionner le volet relatif aux relations de travail. Mais la revalorisation salariale demeure le gros morceau de ces négociations. Cette question a constitué le noeud du dialogue Ugta/SGP, en dépit des mises en demeure du ministre en charge, en l'occurrence Abdelhamid Temmar. L'on s'interroge si les patrons du privé sont plus radicaux que ceux du secteur économique public? Il faudra attendre la suite du scénario et vers quoi va mener le rendez-vous d'aujourd'hui. L'Ugta est déjà mal à l'aise.