C'est la première confrontation directe sur l'augmentation salariale qui traîne en longueur. Les métallos sont désormais soudés dans leur démarche. Soumis depuis des mois à une mécanique de négociations infructueuses, les travailleurs de la mécanique-métallurgie sont allés, hier, affronter les SGP dans leur propre maison. Cette première action de protestation a été décidée à la suite de «l'entêtement» des SGP, intraitables sur la question des revalorisations salariales. L'heure affichait 10h du matin à la placette de Hydra, près de l'ambassade de Jordanie. Les métallos font leur apparition, transportés à bord des bus de la Snvi, mobilisés spécialement pour l'événement. Banderoles levées, sur lesquelles est mentionné un non-retour sur les revendications des travailleurs. L'on se dirige droit vers les locaux des Sociétés de gestion des participations Onstrumet Translob. Une marche improvisée qui a parcouru une distance d'environ 200 mètres. Les premiers arrivés avaient déjà la voix enrouée, tandis que la police cadrait les lieux pour ne laisser échapper aucun débordement. Les lieux renfermaient déjà quelque 300 protestataires. Première confrontation sur l'augmentation salariale qui traîne en longueur. Le rassemblement a été une occasion de plus pour les métallos afin d'exprimer leur mécontentement. Cette fois, les responsables des SGP, qualifiés de tous les noms, ont prêté une oreille plus attentive aux critiques des salariés. C'est ce que croient les contestataires qui redoutent plus que jamais que les SGP soient mandatées à enterrer purement et simplement la hausse des salaires. «Nous sommes venus aujourd'hui réaffirmer notre position par rapport à nos revendications inchangeables», clame d'emblée haut et fort le président de la fédération, Mohamed Sedik Kardjani. La Centrale syndicale perd le contrôle de ses troupes. Dans l'entourage de Sidi-Saïd, on assure qu'il n'est pas question de remettre en cause l'ensemble des SGP. Le patron de l'Ugta souhaite, comme pour apaiser les esprits, que les discussions se poursuivent entre les fédérations et les SGP. En tout cas, la période des réconciliations semble tirer à sa fin. Aucune prolongation ne sera accordée aux traînards, le délai fixé aux conciliabules étant achevé. La «batterie des protestations» est d'ores et déjà chargée avec, dans le premier carré, les métallos. Le compteur affiche la deuxième phase d'un conflit qui s'annonce titanesque entre les fédérations de l'Ugta et les SGP jusque-là peu enclines à accorder les augmentations de salaires revendiquées. Mercredi 27 septembre, les travailleurs de la mécanique-métallurgie de l'ensemble du territoire national vont se retrouver pour la seconde fois devant la SGP Equipag, sise à El Achour. «Il n'est pas question de faire une quelconque concession», déclare un syndicaliste. Les accusations à l'endroit des responsables des SGP ne manquaient pas. «Voleurs», «nous n'avons pas besoin de retraités», ou encore «on en a marre ya Temmar.» Les instructions du ministre des Participations adressées aux SGP ne sont, en fin de compte, qu'une mauvaise plaisanterie. Les Sociétés de gestion des participations ont proposé une hausse de 5 à 10% pour les travailleurs des sociétés en redressement. Quant à celles en bonne santé financière, la barre a été fixée entre 10 et 15%. Les métallos ont dit non et préfèrent sortir dans la rue. Qui peut désamorcer la bombe? L'Ugta n'est même pas en mesure de désarmer les métallos, décidés à chercher leurs droits même dans le terrier du serpent.Il sont plus que jamais collés sur l'équation secteur rentable/revalorisation indiscutable. Selon eux (les métallos), tous les documents comptables affichent une courbe ascendante en termes de santé financière des entreprises. Les travailleurs espèrent que la prochaine assistance de Sidi-Saïd ne sera pas, une fois de plus, qu'une peau de chagrin.