Les métallos, éreintés par un dialogue stérile, ont décidé de protester, mercredi prochain, devant les locaux des SGP. La tripartite, tant attendue par les travailleurs, ne se tiendra pas en septembre. Le secrétariat national de l'Ugta a reconnu, hier, à l'issue d'une ultime entrevue avec les fédérations, que la tripartite risque d'être ajournée. Ce n'est plus un risque, mais une vérité amère. Les fédérations, censées débattre d'une augmentation salariale avec les SGP, ont rencontré des adversaires coriaces. Dans un bras de fer titanesque avec les SGP, où s'étalent même des divisions politiques, au moins cinq fédérations ont affiché, hier, une triste mine au secrétariat national. Il s'agit du Btph, du secteur de la mécanique-métallurgie, les hydrocarbures, l'énergie et les mines, les transports, ainsi que certaines sociétés d'assurance et d'autres dépendant des collectivités locales. Certaines fédérations ont achevé le volet relatif aux relations de travail, mais le noeud gordien c'est bien l'augmentation des salaires. Le comble, ce sont les SGP des secteurs les plus rentables qui affichent le niet catégorique à toute revalorisation salariale. D'ailleurs, l'énergie et les mines ainsi que les hydrocarbures figurent en première position des secteurs hostiles à l'augmentation des salaires. Les ministres en charge n'ont même pas osé répondre aux représentants des travailleurs. Le délai accordé aux négociateurs étant achevé, les «traînards» ne bénéficieront que de 72 heures supplémentaires, laissa entendre Lakhdar Badredine, chargé des affaires économiques à la Centrale syndicale. Sidi-Saïd qui tenait un discours teinté d'un optimisme démesuré est, en fin de compte, désavoué par les siens. Lakhdar Badredine et Abdelkader Malki, chargé des affaires générales, reconnaissent qu'il existe bel et bien des retards, voire même des blocages. Les deux hommes affichent carrément leur crainte à l'idée d'aller vers un arbitrage, qui veut dire intervention pure et simple du gouvernement. Ça sent la politique. Sidi Saïd qui ne cesse d'alléger le boulet, s'engageant pleinement dans son projet d'arbitrage, se voit ainsi freiné par les membres du secrétariat national, tous militants du RND. L'incident rappelle les divergences qui existaient entre Sidi-Saïd, absorbé par son rêve de briguer un autre mandat à la tête de l'Ugta, et Salah Djenouhat, membre du secrétariat national du syndicat et militant du premier carré de la formation d'Ouyahia, mais surtout, un potentiel futur secrétaire général de l'Ugta. L'augmentation des salaires est sur un terrain fortement miné. L'on s'interroge aussi sur quel pied dansent les Sociétés de gestion des participations? Interrogés, hier, sur le pourquoi des tergiversations des SGP, du moins celles qui dépendent des secteurs en bonne santé financière, Abdelkader Malki et Lakhdar Badredine se sont gardés de souffler le moindre commentaire. Pour un syndicat scotché sur l'idée de préserver l'emploi, les privatisations massives, il est utile de reconnaître, sont aussi synonymes de risque maximum sur l'emploi. On a beau annoncer des chiffres excellents de la croissance, mais surtout les 68 milliards de dollars de réserves de change, n'est-il pas temps aujourd'hui d'expliquer aux travailleurs le pourquoi du rejet d'une hausse des salaires. «Le gouvernement doit comprendre qu'il est difficile de canaliser le courroux des travailleurs si aucune réponse favorable n'est donnée à ces derniers», fera comprendre Lakhdar Badredine. Chez les métallos, à titre indicatif, la situation est d'ores et déjà sur le fil du rasoir. Ces derniers, éreintés par un dialogue stérile avec les cinq SGP+Snvi, ont décidé de protester, mercredi prochain, devant les locaux des SGP. Faut-il rappeler que les conciliabules entre la fédération métallique-métallurgie et les cinq SGP+Snvi ont été sanctionnés, hier, avec un compteur qui affichait zéro point d'entente. Sidi-Said est désormais face à ses promesses. Ce dernier rencontrera aujourd'hui, après l'énième échec et mat encaissé par les fédérations, Tayeb Louh et Abdelhamid Temmar, respectivement ministre du Travail et premier responsable chargé des Participations et de la Promotion des investissements. C'est une réunion-bilan destinée à évaluer le processus des conciliabules entre les fédérations de l'Ugta et les SGP. Cinq jours plus tard, soit le 23 du mois courant, le patron de l'Ugta retrouvera à nouveau la table des négociations avec les patrons du secteur privé. Les pourparlers devraient porter sur les conventions de branche et la revalorisation des salaires, annonça, hier, Abdelkader Malki. Plein de chantiers en cours, d'autres au stade d'une simple conception. Qu'en est-il aussi à propos du pacte national économique et social? N'est-il pas un risque d'annoncer dans la foulée une nouvelle bataille en perspective autour d'un Snmg à 15.000DA? L'urgence est de répondre à la simple question: les travailleurs seront-ils augmentés?