Une semaine après que la Belgique découvre au sein de son armée une «organisation» terroriste visant, selon les premières conclusions du parquet fédéral, à déstabiliser le pays et ses institutions, voilà que l'on apprend, jeudi dernier, que pas moins de 78 militaires se présentent aux élections communales et provinciales du 8 octobre prochain, dont trois sur les listes de l'extrême droite. En effet, la Belgique a adopté, cette année, une loi permettant aux militaires de carrière de se porter candidats aux élections. Cette exception en Europe, ne fait pas l'unanimité chez les politiques belges. Le ministre de la Défense, apparenté au Parti socialiste, s'est opposé à l'adoption de cette loi, en faisant remarquer la particularité des missions de l'armée et le risque de sa «politisation». Le sénateur, député libéral et ex-président de la région de Bruxelles- capitale, M.Xavier de Donéa abonde dans le même sens et estime que l'institution militaire doit garder sa neutralité et sa distance du monde politique. Ce qui choque l'opinion belge, c'est la contamination de l'institution militaire par les idées de l'extrême droite, et qui a conduit à la naissance d'une véritable organisation subversive en son sein, heureusement démantelée à temps. Si des adeptes de l'extrême droite (Front national et Vlams Belang flamand) infestent souvent les services de police, l'armée, elle a toujours su préserver son prestige et son aura. C'est pourquoi la découverte en son sein de sympathisants et militants de partis fascistes qui, plus est, se manifestent publiquement, est perçue comme une provocation et une gifle à la démocratie. En cette «veille» électorale, le monde politique est, autant que les différents services de sécurité, sur le qui-vive. La menace terroriste, le climat tendu qui caractérise depuis un certain temps les relations internationales, particulièrement les relations Nord-Sud (immigration, dialogue interreligieux...) favorisent la poussée de l'extrême droite et la tentation de la violence. Pourtant, la Belgique se trouve dans une situation économique privilégiée dans l'Europe des 25. Une couverture sociale des meilleures en Europe, atténue quelque peu les effets d'un chômage avoisinant les 9%. Ce nouveau scandale qui touche l'armée, a conduit les plus hautes autorités belges à songer, sérieusement, à l'abrogation de cette nouvelle loi qui permet pour la première fois aux «bidasses» de se porter aux élections.