La lenteur des réformes relève, avant tout, de la responsabilité des hommes qui sont chargés de les appliquer. Doucement mais sûrement, la politique de renouvellement du personnel, à la tête des institutions névralgiques de l'Etat, poursuit son petit bonhomme de chemin. Avant même d'apporter les amendements annoncés à la Constitution du pays, M.Abdelaziz Bouteflika s'applique à un lifting au niveau des organismes chargés de la bonne application des réformes qu'il a initiées. Les rumeurs ayant précédé l'été 2006 sont devenues réalité. Depuis le grand changement apporté à la tête de l'Exécutif avec le remplacement d'Ahmed Ouyahia par Abdelaziz Belkhadem, le vent du changement n'a pas cessé de souffler. Tour à tour, les Impôts et la Douane ont vu leurs premiers responsables laisser la place à de nouvelles têtes. Le dernier changement en la matière, annoncé par la rumeur depuis des semaines déjà, a touché le président de la Cour suprême, qui s'est accompagné d'un mouvement partiel dans le corps des magistrats. Autre changement annoncé par la rumeur aura été celui qui concerne la direction générale de la Fonction publique qui a été rattachée aux services de la présidence de la république sans que son directeur général actuel ne soit convié à siéger dans les locaux de la nouvelle tutelle. D'aucuns ont vite conclu sur l'approche de fin de règne de celui qui possède le record de longévité à la tête de cet organisme important qui connaît une véritable saignée au sein de ses cadres dont les plus méritants ont choisi de servir l'Etat dans d'autres institutions faute d'un cadre d'épanouissement favorable. Le dernier en date concerne la mutation du sous-directeur chargé du contentieux, qui a été promu dans un ministère. Ceci étant, ces changements annoncés ne sont pas les derniers dans le genre et s'ajoutent aux différents mouvements qui ont été déjà enregistrés dans les corps de walis et de chefs de daïra. Quant aux ministères, il est fort probable que le président opère un autre lifting dans des délais proches. Le temps qu'il fasse auditionner, comme annoncé par le ministre de la Communication, le responsable de chaque département pour une réunion de travail où il sera question de bilan d'activité et d'évaluation du travail accompli. Le premier magistrat du pays avait déjà annoncé la couleur dans un de ses précédents discours en rappelant aux ministres qu'ils sont tenus par les critères de performances et d'objectifs atteints. Une nouvelle méthode de managériat que le président de la République entend asseoir pour mener à bien le train des réformes. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'il n'a de cesse fait entendre à l'adresse de ses ministres que «les incapables s'en aillent». Un message direct et franc. Les ministres, qui ont menti au président de la République et les autres qui ont raconté des balivernes au peuple, particulièrement à l'occasion du mois de Ramadhan, en plus de ceux dont les secteurs dont ils ont la charge sont noyés dans des problèmes de tout genres, sont légion. La lenteur des réformes relève avant tout de la responsabilité des hommes qui sont chargés de les appliquer. Un commis de l'Etat qui échoue dans sa mission ne doit pas nécessairement attendre la décision de son limogeage. Présenter une démission est un signe de bonne santé de la gestion. Mais a-t-on déjà vu un de nos ministres jeter l'éponge après un scandale ou une bévue monumentale? Pourtant ce n'est pas ce qui manque dans le paysage politique et économique de l'Algérie de 2006.