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Une carte pour les législatives
LE FFS, LE PT ET LES DISPARUS
Publié dans L'Expression le 06 - 02 - 2002

A chaque fois qu'une échéance électorale se dessine, la question des disparus est relancée par une partie de la classe politique qui tente de faire de ce cauchemar de familles désemparées, un programme politique sensible, mais au résultat électoral garanti.
Il y a, d'un côté, le FFS, soutenu par l'Internationale socialiste et les ONG qui défendent le principe des droits de l'Homme, de l'autre le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, qui a fait des disparus un thème de campagne pour les élections de 97.
Si pour le premier parti, la défense des droits de l'Homme et les disparus passent inéluctablement par la commission internationale des droits de l'Homme de l'ONU, pour le parti de Louisa Hanoune le cas des disparus doit être élucidé par la partie algérienne refusant toute ingérence étrangère dans les dossiers sensibles du pays.
En 1997, elle avait réussi, grâce à son travail politique conséquent, mais aussi aux disparus et aux travailleurs en chômage, à décrocher quatre sièges à l'Assemblée et à s'imposer tout au long de son mandat, comme une personnalité incontournable de la scène politique.
Lors des élections présidentielles de 99, Louisa Hanoune, qui a défendu le dossier des disparus, a failli passer candidate au poste de premier magistrat du pays, n'était le blocage de l'administration.
Elle avait même, avec l'aide des députés du RND et quelques élus du FLN, réussi à faire passer un amendement important pour la société, celui des allocations familiales. Quant au FFS, il a réussi à faire des disparus une carte essentielle de son combat politique contre le pouvoir, et avec l'association RAJ dirigée par un proche du parti d'Ait Ahmed, il a pu mobiliser l'opinion et faire pression sur le pouvoir qui a été poussé à installer des commissions d'enquête nationales sur les disparus.
D'ailleurs, Dalila Taleb l'une des farouches militante pour la cause des droits de l'Homme et des disparus, était membre active de RAJ avant d'être élue députée du FFS lors des législatives de 1997.
Il n'est pas exclu donc qu'à l'approche de cette nouvelle échéance électorale importante, ces deux partis, au parcours politique honorable, vont tout faire pour inclure dans leurs campagnes respectives les cas désespérés des familles des disparus surtout que depuis que l'ONDH de Rezag Bara, appelé à d'autres fonctions, a été remplacée par la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) dirigéee par un avocat de Blida, maître Kassentini, il n y a aucun développement dans les dossiers dont certains datent de 1995.
Autour de ces deux formations politiques gravitent deux organisations autonomes à l'objectif commun, celui de retrouver ces personnes qui ont été enlevées et mettre ainsi fin au calvaire de ces familles désespérées qui sont à chaque fois ballottées de bureau en bureau dans l'espoir infime de retrouver la trace de leur proche, même mort.
Il y a d'une part, l'Association nationale des familles des disparus (Anfd) dirigéee par Leïla Ighil, dont le frère est toujours porté disparu et qui bénéficie du soutien indéfectible de maître Khelilli, un avocat chevronné.
Cette association, qui regroupe plusieurs familles de disparus dont, Mme Fahassi, dont le mari journaliste est toujours porté disparu, défend la thèse du règlement par les voies légales de justice du pays. Elle prône surtout une meilleure coopération avec les ministères et les organisations chargés du dossier sensible des disparus et ce, afin d'accélérer le processus de règlement des dossiers.
Une thèse que réfute SOS disparus, une jeune association proche de l'Organisation internationale des droits de l'Homme, et qui adhère mieux aux idées prônées par le FFS et la Ligue nationale des droits de l'Homme de Ali Yahia Abdenour.
SOS disparus travaille en étroite collaboration avec les ONG internationales telles que Amnesty International, Human Right ou encore RSF pour ce qui est des journalistes disparus.
Cette organisation, qui a commencé son travail le 15 septembre dernier, a réussi à élaborer un recensement important des principaux cas de disparitions et à donner un chiffre de 4.880 disparus sur 38 wilayas.
Elle envisage aussi de venir en aide aux familles qui souffrent de conditions sociales désastreuses. Une tragédie à laquelle il faudrait ajouter une détresse psychologique grave, accentuée par l'absence formelle de trace de leur proche SOS disparus, qui regroupe un collectif de jeunes compétitifs et habitués dans le passé à des actions similaires, défend l'idée selon laquelle «l'Algérie a ratifié la convention des droits civiques et politiques qui donne le droit d'avoir recours à des institutions internationales une fois qu'on a épuisé toutes les voies de recours habituelles de la justice de son pays».
Une vision que ne partagent pas le PT et l'Anfd qui s'opposent à toute ingérence étrangère dans le règlement de la crise notamment, concernant les disparus.
Donc, entre le pouvoir qui les assimile à des «familles de terroristes», les partis de l'opposition qui les utilisent comme un atout électoral contre le pouvoir et les associations qui se disputent leur cas, les familles de disparus ne savent, plus à quel «saint» se vouer. Même si au fond, elles savent que sans ces partis ou ces organisations leur cas ne sera jamais discuté et encore moins abordé.


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