Aussi paradoxal soit-il, le pacte économique et social a devancé la satisfaction des revendications salariales. Le pacte économique et social a vu le jour sur fond de négociations d'augmentations de salaires, en particulier ceux du secteur économique, lesquelles ont buté de manière énergique et rigide sur des facteurs techniques. Mise à niveau et santé financière des entreprise, fiscalité... Argu-ments «philosophiques» qui ne sont entendus que d'une oreille par les travailleurs beaucoup en proie à des considérations objectives. L'obligation de bouches à nourrir, fournir une éducation appropriée susceptible d'entretenir un espoir teinté ne serait-ce que d'une petite lueur d'espoir à leur progéniture, sans sombrer dans la précarité et le besoin. Facteurs structurels qui procèdent de la déshumanisation qui forment les maux tant redoutés par l'ensemble de la société. La tension sociale est rampante. Elle guette: les différents accords arrachés par la Centrale syndicale n'ont pas été de tout repos. La fédération des retraités est en ébullition suite aux déclarations faites par Tayeb Louh, ministre du Travail. Déclarations qualifiées de très graves par M.Azzi, patron de la fédération nationale des travailleurs à la retraite. Le ministre du Travail n'a t-il pas jeté de l'huile sur le feu en accusant certains responsables de la Fntr de divulguer de fausses informations, allant jusqu'à les menacer d'ouvrir une enquête. C'est dans ce climat fait de suspicion, loin de la sérénité et du dialogue, que l'on nous annonce l'adoption d'un pacte économique et social. L'exclusion de certaines catégories de retraités, tels que les 200.000 allocataires, des mesures pourtant édictées par le chef de l'Etat en faveur des petites pensions n'ayant pas atteint les 10.000DA ne mettrait-elle pas à mal le pacte économique et social souhaité aussi par le président de la République? Aussi paradoxal soit-il, le pacte économique et social a devancé la satisfaction des revendications salariales. Trois partenaires concernés, Ugta, gouvernement, patronat. Trois sons de cloche. Les «bonnes nouvelles» tombent. Un accord a été conclu avec la wilaya d'Alger. La Fédération nationale des collectivités locales est parvenue à obtenir 15% d'augmentation de salaires, selon Salah Djenouhat, secrétaire national à l'organique. Annonce faite, hier, à la Chaîne III. Le pacte économique et social est axé essentiellement sur son volet économique, à savoir la mise à niveau des entreprises, la performance économique du secteur productif, la préservation de l'emploi, mais son contour social demeure indéfini, à moins que...Il aura une durée de vie de quatre années. L'élaboration d'un projet aussi important aurait dû voir l'intervention d'experts, surtout qu'il doit, en principe, engager l'avenir de millions d'Algériens. Le pacte économique et social devrait représenter un véritable projet de société qui engagerait l'entreprise algérienne vers la productivité et la performance et se dépouiller de cet habit qui lui va si mal, la rente pétrolière, synonyme d'enrichissement personnel et de corruption, mais aussi de mise à l'index par certaines instances internationales. Une commission pluridisciplinaire, formée de sociologues, psychologues, urbanistes, médecins, ingénieurs, hommes de culture, aurait donné plus de représentativité et de crédibilité à une telle entreprise, sans que la société ne se sente encore marginalisée. Le contenu du pacte économique et social, qui a été rédigé à la hussarde, en l'espace d'un mois, a sous-estimé, sans aucun doute, les difficultés et les désaccords nés des négociations d'augmentation des salaires du secteur économique, sur lequel la Centrale syndicale a très peu d'emprise, et la philosophie du consensus raté, prônée par son secrétaire général, semble battue en brèche par le durcissement et le retour à plus d'orthodoxie en matière de pratique de lutte syndicale de la part de la classe ouvrière, ou du moins de ce qu'il en reste.