C'est l'anarchie dans le marché des boissons en Algérie ! Pas de contrôle, pas de respect des normes et hausse du nombre de producteurs non déclarés. La filière des boissons est confrontée actuellement à de nombreux problèmes. C'est ce qu'a affirmé, hier, Kamel Adiche, directeur général du groupe Mami et membre de l'Association des producteurs algériens des boissons (APAB), lors d'une conférence de presse animée au siège de l'UGCA, à Alger. Pour l'orateur, la filière souffre en effet d'un nombre important de contraintes, notamment la cherté du sucre, la prolifération de l'activité de production informelle, et la multiplication des taxes. « Un très grand nombre de producteurs non déclarés opèrent dans des conditions d'hygiène déplorables, voire dangereuses », a-t-il averti. L'activité informelle, a-t-il estimé, est favorisée par la défaillance en matière de contrôle. Même les produits nécessaires à la production des boissons sont commercialisés dans le marché informel. « Beaucoup de produits d'importation entrent dans le pays avec des prix défiant tout entendement, et ce, grâce à une cascade de sous-facturations qui contribue à alimenter le commerce informel et contre laquelle des mesures urgentes sont à prendre », a-t-il soutenu. L'accroissement de l'activité informelle influe même sur la qualité de la production. Selon Kamel Adiche, plus de 80% des jus commercialisés en Algérie sont des eaux fruitées. Abordant la question des coûts des matières premières, dont le sucre, le conférencier a déploré la conservation par les pouvoirs publics des taux élevés des droits de douane sur le sucre (30%). « Pourquoi le gouvernement algérien conserve-t-il des droits de douane aussi élevés sur le sucre ? Pourquoi le sucre blanc cristallisé est classé en Algérie comme produit fini, alors qu'il est mondialement admis que c'est une matière première de base ? Pourquoi ne pas autoriser les industriels à acquérir leur intrant de production à 0% de droits de douane ? », s'est-il interrogé. Infirmant l'existence de différend entre les producteurs des boissons et le DG de Cevital, Issaâd Rebrab, Kamel Adiche précise que ce dernier vend le sucre trop cher. « Le sucre représente 50% dans la production des boissons. Nous sommes toujours en discussion avec M. Rebrab, en tant qu'unique producteur de sucre en Algérie, pour trouver une solution à ce problème », a-t-il ajouté. Par ailleurs, la filière des boissons, a-t-il souligné, peut concurrencer les entreprises étrangères. La qualité des produits fabriqués par les entreprises les plus connues du secteur n'a rien à envier, selon lui, aux produits en provenance de l'étranger. Cette filière compte, a-t-il précisé, 1400 entreprises, dont 430 se sont imposées sur le marché. Ces entreprises emploient entre 13 à 14 000 personnes et produisent annuellement 11 millions d'hectolitres.