Comme prévu le Chef du gouvernement a rencontré jeudi dernier les dialoguistes. Mais contrairement à ce qu'avait déclaré Allilouche aucune mesure d'apaisement n'a été prise par M.Benflis. En outre, les services de sécurité ont violemment empêché la tenue du sit-in des coordinations de Kabylie devant le siège de l'ONU à Alger. Encore une fois une conférence de presse a été animée, hier, par les dialoguistes. En l'absence du porte-parole, c'est un panel des membres de la délégation qui a dialogué avec le gouvernement qui a affronté la presse. «Positive» était le seul adjectif qui revenait sans cesse dans les propos des dialoguistes concernant la rencontre avec le Chef du gouvernement. En revanche, l'Entv a été dénoncée avec virulence par les conférenciers, parce qu'«elle n'a pas fait son travail comme il se doit». Les collègues de Salim Allilouche ont promis, cependant, «d'organiser des meetings, des rassemblements, des rencontres débats et des conclaves au coeur même de la Kabylie très prochainement». Quand et où? «On le saura bientôt», répliquent les dialoguistes, qui précisent qu'ils sont capables de faire face aux radicaux. D'ailleurs, font-ils remarquer, «les échos qui nous viennent du bled sont très satisfaisants». De son côté, le Chef du gouvernement n'a rien déclaré, jeudi dernier, qui puisse présager une issue positive et rapide à la crise que vit la région. M. Benflis a garanti qu'il «organisera la rencontre à laquelle le Président de la République a convié les représentants du mouvement des ârchs». Intervenant à l'occasion de la cérémonie de clôture des travaux des ateliers sur la plate-forme d'El-Kseur, M.Benflis a ajouté qu'au cours de cette rencontre, le chef de l'Etat «annoncera les mesures qu'il aura prises, conformément à la Constitution et aux lois de la république dans le cadre des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur». Par ailleurs, M.Benflis, qui a félicité les membres des ateliers pour les résultats obtenus, a affirmé qu'il se ferait «un devoir et un plaisir de les porter à la connaissance du Président de la République». «En tant que Chef du gouvernement et représentant en l'espèce du chef de l'Etat, je voudrais simplement souligner d'abord et particulièrement que la question du statut de tamazight et des revendications historiques et démocratiques qui a focalisé des efforts considérables de la part des délégués et des experts, doit être inscrite comme une question nationale, et la volonté de la régler doit, elle aussi, procéder de la volonté nationale», a-t-il ajouté, M.Benflis a souligné, dans son allocution, «la nécessité de poursuivre le dialogue avec tous les citoyens convaincus de son importance chaque fois qu'il s'agit d'une question de dimension locale ou nationale». Selon lui, des pas importants ont été franchis sur la voie de ce dialogue «et aujourd'hui nous ne pouvons qu'être fiers des résultats obtenus pour le retour de la paix, de la sécurité et de la quiétude», dira-t-il. Le président de la République, a indiqué M.Benflis, «annoncera les mesures prises conformément à la Constitution et aux lois de la république dans le cadre des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur». De son côté, le porte-parole des délégués des ârchs, M.Salim Allilouche a salué les efforts déployés par le Chef du gouvernement pour «faire aboutir le dialogue ouvert entre les deux parties» et le rôle des délégués des ârchs pour assurer le succès des différentes étapes du dialogue. Les délégués «sont restés, a-t-il dit, fidèles aux victimes des évènements tragiques qu'a connus la Kabylie.» Et d'ajouter que ce dialogue «n'est qu'un pas vers l'application de la plate-forme d'El-Kseur», affirmant à tous qu'«une mission historique les attend». Faisant allusion aux partis politiques et aux représentants du mouvement citoyen, M.Ali Benflis a indiqué que les éléments constitutifs de l'identité nationale «doivent rester loin de toute surenchère». Pour ce dernier, la rencontre «n'est pas une fin en soi», mais le «commencement dans la voie de la réappropriation, sur des bases saines et loin de toute instrumentation idéologico-politique, de la plénitude de notre identité nationale forte de son islamité, de son arabité et de son amazighité». Il a déclaré dans un langage allusif que les experts et les spécialistes, sont «les plus à même d'oeuvrer» à la réunion des conditions nécessaires à la concrétisation de l'objectif de promotion de tamazight en tant que «langue de tous les Algériens, sans exclusive, dans la fidélité à nos valeurs authentiques, à notre culture plusieurs fois millénaire et dans la perspective nationale de progrès et de modernité». Il a affirmé, par ailleurs, que «le ressourcement dans notre passé millénaire et la promotion de notre identité nationale, avec toutes ses composantes, constituent le socle solide du renouveau national». Evoquant la rencontre, il dira qu'elle est la «consécration du dialogue qui serait ainsi arrivé positivement à son terme».