La crise de Kabylie connaîtra, demain, la journée la plus chargée probablement depuis le début de la révolte des jeunes du printemps noir. Pour la première fois, les radicaux et les dialoguistes seront dans le même lieu à Alger quoique pour des raisons diamétralement opposées. Dans le même contexte, l'épisode du procès des détenus connaîtra sans nul doute des rebondissements qui vont alimenter à la fois les thèses des vis-à-vis de Benflis et celles des membres de la CICB et la Cadc. Il est à craindre également que la mèche des émeutes soit encore une fois rallumée. En effet, un sit-in est prévu demain devant la représentation de l'ONU à Alger. Les délégués des 9 willayas qui se sont réunis en conclave au CEM de M'chedallah à Bouira ont pris l'unique décision d'appeler à un rassemblement à Hydra pour remettre une lettre de contestation au secrétaire général de l'organisation onusienne. L'on se rappelle que cette missive a été remplacée par un autre document le mois dernier. Le rendez-vous risque cependant de se transformer en scènes de violence à l'instar du précédent sit-in, car les organisateurs de cette action ont affirmé qu'ils ne sont pas prêts à faire marche arrière. Selon des sources informées, les coordinations de Kabylie comptent mobiliser des centaines de personnes pour marquer l'événement, mais également pour donner la preuve que les citoyens libres qui dialoguent avec le gouvernement ne représentent nullement la population. Ainsi, le sit-in des coordinations de Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou, Boumerdès, Sétif, Bordj Bou-Arréridj visera un double objectif. D'abord, continuer la contestation en affirmant que le mouvement ne s'est pas essoufflé, ensuite protester contre la rencontre qui aura lieu entre les dialoguistes et le Chef du gouvernement. Coïncidence ou programmée, la réunion entre Benflis et le groupe que préside Allilouche sera tenue le même jour à l'annexe du Palais du gouvernement. Ce tête-à-tête, contrairement à ce qu'on pense, a une lourde responsabilité. Les résultats de la rencontre peuvent déterminer non seulement, le devenir de la crise qui continue de secouer la Kabylie depuis plus de 9 mois, mais également la manière avec laquelle seront appréhendées les prochaines élections. Cette dernière permettra aux partis politiques d'arrêter définitivement leurs stratégies électorales respectives. Car, c'est à l'issue de la rencontre de demain qu'on saura si la Kabylie prendra part au vote ou pas. Les formations politiques agiront en conséquence. En tout cas, le porte-parole des dialoguistes a été suffisamment clair lors de sa dernière conférence de presse en disant que les élections ne sont envisageables en Kabylie qu'une fois la plate-forme d'El-Kseur satisfaite. Dans le cas contraire, met en garde Allilouche, «si le Chef du gouvernement et le Président de la République refusent les revendications contenues dans la plate-forme, ce sera le retour aux émeutes et on commencera à Alger...on redeviendra des radicaux au carré». En revanche, prévoit-il «rien ne justifiera toute autre action, si la plate-forme est acceptée». Sur sa lancée, le porte-parole des dialoguistes a fait remarquer que «l'annonce de l'acceptation de la plate-forme mettra fin aux mensonges, à la compromission, à la démagogie, aux manoeuvres et aux agissements de ceux qui ont porté atteinte aux symboles de la Kabylie, tels que la JSK, Aït Menguellet ...» En somme, on risque de vivre, durant ce jeudi hivernal, le jour le plus long du printemps noir.