La Cinémathèque algérienne a accueilli, mercredi dernier, la projection d'un moyen métrage intitulé Yiwen N'niden (Quelqu'un d'autre) de Smaïl Messaoudi. D'une durée de 24 minutes, ce film raconte l'histoire mélodramatique de Farid, parfaitement campé par Alili Mohand Larbi. Ce dernier a aussi signé toutes les compositions musicales de ce film. Des airs assez rétro qui cadrent très bien avec l'atmosphère mélancolique qui se dégage de ce film réalisé en noir et blanc. Une qualité d'image qui, cependant, ne saute pas aux yeux mais lui sous-tend paradoxalement une certaine déficience. Ceci dit, le jeune réalisateur, qui en est à sa première oeuvre cinématographique, est arrivé à émouvoir plus d'un par ce sujet à la veine dramatico-sociale. L'histoire est réaliste à plus d'un titre car décrivant le désarroi d'un jeune qui, malgré sa mention très bien à sa soutenance n'arrive pas, même deux ans après, à trouver du travail. Il est frappé par le chômage et la misère qui l'acculent finalement à se séparer de ses bouquins et les vendre pour quelques sous lui permettant d'acheter du café et des cigarettes. Sur les hauteurs de Béjaïa (cinémathèque) donnant sur la mer, il scrute l'horizon, tout en caressant une fourmi morte dans sa main. «Une image significative, symbole de l'écrasement social dont il fait objet», nous a fait remarquer le jeune réalisateur. C'est d'ailleurs cette image centrale du film qui a été choisie pour l'affiche. Farid finit, comme des milliers de jeunes dans son cas, par tenter de prendre le large...Il faut savoir que Yiwen Niden est le fruit du système débrouille d'une équipe courageuse et déterminée qui n'a eu que le courage et l'aide des amis pour arriver à mettre en boîte ce film tourné en janvier dernier. Le manque de financement est, d'emblée, mis en exergue à travers la première scène du film où une jeune fille est en train de lire un scénario que le recteur de l'université de Tizi Ouzou a refusé de soutenir mais a eu l'aval de celui de Béjaïa. Il s'agit du scénario de Smaïl Messaoud lui-même, qui a tenu à faire ce clin d'oeil, vu la situation précaire que connaît le cinéma dans notre pays. «Pour nous, c'est un défi. On apprend tous les jours vu qu'il n y a pas d'école de cinéma en Algérie. Je pense qu'il y a même d'autres gens qui font mieux que nous», dira le comédien qui a signé, en outre, la musique du court métrage Le labyrinthe des sentiments. Actuellement, il est assistant réalisateur du long métrage La dernière cigarette de Ali Boukroun qui se tourne à Tizi ouzou. Le manque de moyens en Algérie et de formation n'ont pas empêché cet autodidacte de Smaïl Messaoudi, pour sa part, de se jeter à l'eau et tenter l'aventure cinématographique et ce, après 8 années de théâtre. Pour lui, «c'est le court métrage qui fait vivre le cinéma. Les grands réalisateurs se sont fait connaître d'abord grâce au court», affirme notre téméraire réalisateur qui n'exclut pas la réalisation, un jour, d'un long métrage.