«L'essai nucléaire a été réalisé grâce à la sagesse et une technologie à 100% autochtone.» La Corée du Nord a fait exploser avant-hier sa première bombe atomique, défiant les mises en garde internationales et les menaces de représailles proférées par les Américains. Le régime communiste de Pyongyang a qualifié l'événement «d'historique» alors que l'on assiste à une levée de boucliers dans le monde. «L'essai nucléaire a été réalisé grâce à la sagesse et une technologie à 100% autochtone», a indiqué l'agence officielle nord-coréenne Kcna. L'Organisation du traité pour l'interdiction totale des essais nucléaires (Ctbto), contre les essais nucléaires a indiqué, hier, avoir détecté un «événement» de magnitude 4,0 sur l'échelle ouverte de Richter, dimanche dernier, à 01h35 GMT en Corée du Nord. L'essai souterrain s'est déroulé au moment même où le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, entamait à Séoul un sommet historique avec son homologue sud-coréen. Il a estimé que le test était «impardonnable». Le 3 octobre dernier, la Corée du Nord avait annoncé son intention de procéder à un essai de ce genre si les conditions de sécurité étaient réunies, en réponse aux menaces des USA de «déclencher une guerre nucléaire» ainsi que «les sanctions vicieuses» imposées par le Trésor américain contre des institutions nord-coréennes accusées de blanchiment d'argent. Ce pays classé par l'administration Bush dans l'axe du mal, s'était déjà déclaré, en février 2005, la neuvième puissance nucléaire mondiale, après les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne, la Chine, l'Inde et le Pakistan, et Israël qu'on tente d'extraire de la liste sous couvert de non-autoproclamation de détention de l'arme atomique. Sans pour autant passer à l'acte pour confirmer son nouveau statut. Maintenant que c'est fait, une réelle tension s'est installée dans la région parmi les pays voisins qui entretiennent des relations tendues, à la limite de l'hostilité, avec un régime honni par l'Occident et ses alliés qui sont le Japon et la Corée du Sud. Le régime nippon a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU l'usage de la force pour punir son voisin menaçant, alors que Séoul a annoncé la suspension de l'aide humanitaire qu'elle avait accordée à ce pays voisin, frère-ennemi, après les inondations meurtrières de l'été dernier. Les services de renseignement sud-coréens, qui suivent de près l'évolution du dossier nucléaire de leur voisin, croient que l'essai a été mené dans un tunnel horizontal creusé dans une colline de la région de Hwadaeri, près de la ville de Kilju, dans la province septentrionale de Hamgyong. Le régime stalinien estime, de son côté, que l'essai effectué répond à la volonté de l'Armée populaire coréenne et du peuple qui souhaitaient disposer d'une capacité de défense puissante et indépendante. L'annonce de l'événement a mis la Chine populaire, puissant voisin, et néanmoins considéré comme pays ami, dans l'embarras et se déclare opposée à cet essai mené «de manière éhontée». L a Chine désapprouve mais ne condamne pas, à l'inverse des USA qui voient dans ce geste «une provocation» qui réclame «une action immédiate» du Conseil de sécurité de l'ONU. La Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a appelé les pays concernés par l'événement, à «faire preuve de retenue» dans la crise née de l'essai nucléaire nord-coréen. Deux autres puissances nucléaires du continent asiatique, l'Inde et le Pakistan, n'ont pas tardé à réagir pour condamner Pyongyang. Delhi s'est déclaré «profondément préoccupé» et Islamabad a «déploré» l'essai. La Corée du Nord a mis à exécution sa menace de s'approprier l'arme fatale en dépit des multiples mises en garde lancées dans le monde entier. Les USA ont maintes fois brandi la menace de l'usage de la force, et mobilisé la communauté internationale contre le danger perceptible en Corée, pour contraindre ce pays hostile à faire marche arrière. Sans succès. Les observateurs internationaux ont toutefois noté que deux options s'offrent aux Américains: accepter une Corée du Nord nucléaire ou lui faire changer de régime. Dans le cas où l'administration Bush décide de tout faire pour changer le régime nord-coréen, elle sollicitera, sans aucun doute, l'aide et l'assistance du voisin chinois en contrepartie d'avantages économiques et de soutien à la politique économique d'ouverture entamée par le régime chinois, tout en fermant les yeux sur le dossier des droits de l'homme qui parasite la politique chinoise. Le Conseil de sécurité de l'ONU, faut-il le rappeler, avait adopté, le 6 octobre dernier, une déclaration non contraignante exigeant de la Corée du Nord qu'elle retourne aux pourparlers multipartites sur son nucléaire et renonce à effectuer un essai.