Le parti au pouvoir a été longtemps «otage» de ses ministres politiques. Des centaines de cadres activant dans différents secteurs de l'économie nationale et même ceux installés à l'étranger, ont été approchés par des responsables du FLN, a-t-on appris de sources proches de la direction exécutive du parti. «Nous nous préparons en vue des prochains rendez-vous électoraux et surtout du remaniement ministériel en perspective», affirme cette source, précisant que le prochain changement au sein de l'Exécutif sera, essentiellement, la nomination de ministres technocrates. «Jusqu'à présent, le parti a ciblé une centaine de cadres militants et non militants mais qui ont des compétences avérées dans des domaines techniques», affirme cette source précisant que «plus de 50% de ces cadres ont donné leur aval pour participer à la gestion des affaires du pays sous la couverture du FLN». Le recours aux technocrates dans la gestion des affaires de l'Etat est la formule à laquelle semblent parvenir les autorités après les échecs répétés des politiciens. Aussi ce «ratissage» dans la matière grise opéré par le parti majoritaire est loin d'être innocent puisqu'il est en relation directe avec les mouvements de la scène politique. Etant la voix autorisée actuellement, sur la scène politique, le parti de M.Belkhadem annonce, en effet, avec cette démarche, un basculement dans les modes de gestion. Fort de plus de 7000 élus et cadres, le FLN veut ratisser large. Il fait du recrutement des technocrates une stratégie. Le but étant de rendre son action plus efficace sur le terrain lors des prochaines échéances électorales. «Le recrutement des cadres apolitiques est une tendance actuellement au FLN. Nous sommes en état d'alerte» indique un député du parti. «Dans un contexte très favorable au décollage économique, la libération des initiatives et la mobilisation des compétences sur un programme sont une nécessité» note le même député. «(...) l'Université devrait doter les responsables, dans différents niveaux et domaines, d'idées, d'analyses, d'études et de propositions qui éclairent leurs choix et les aident à prendre les décisions pertinentes», a déclaré le président de la République dans son dernier discours qu'il a prononcé à Batna, à l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire 2006-2007. «Elle (l'élite Ndlr), doit également anticiper les événements pour mieux préparer l'avenir, sans se laisser influencer par les aléas ou les conjonctures de la vie», a ajouté le chef de l'Etat. C'est dire que le FLN veut réellement anticiper sur les événements. Les lobbys politiques ont toujours été les détenteurs exclusifs du pouvoir au sein du FLN. Représentant des groupes d'intérêts différents, ils ne s'accordent que sur le maintien de leur hégémonie. Ces influences croisées ont produit, dans le meilleur des cas, un renforcement du statu quo. Dans le pire des cas, il a secrété toutes les crises et les tiraillements claniques. La dernière crise avait placé le FLN en phase de convalescence depuis 2004. Le FLN a été longtemps «otage» de ses ministres politiques. La défection de ces ministres dans la gestion, leur incompétence dans la maîtrise de certains domaines, ont coûté au parti une perte de terrain au profit de ses rivaux. En plus des visées strictement partisanes et électoralistes de cette opération, il faut dire qu'elle annonce un autre mode de gestion. L'expérience de ces années de sang a largement montré, que la crise algérienne est d'abord politique, d'où une concentration sur des gestionnaires politiques. Les temps ont changé. La priorité revient à l'efficacité et à la rentabilité économique pour ainsi dire aux approches technicistes. «L'installation des technocrates à la tête des départements ministériels constitue également pour le FLN une preuve d'un retour au calme et à la stabilité après une gestion strictement politique des différents secteurs». ajoute les responsable de la direction exécutive du FLN.