L'assassinat du président de l'APW a semé la psychose dans la région. La Kabylie est encore sous le choc avec le récent assassinat de feu Aïssat Rabah, ce président d'APW, qui était connu pour son amabilité, sa droiture et sa façon humble de s'adresser à n'importe quel citoyen, simplement, aimablement et sans faire dans la grandiloquence. A près d'une semaine de son assassinat, les gens n'en revenaient pas encore de cette terrible nouvelle qui a frappé les esprits. La région, et notamment Tizi Ouzou, Boghni où il a travaillé comme directeur du technicum et Aïn-Zaouia, son coin natal, dont il a dirigé la commune durant son premier mandat avant d'être appelé par ses pairs à présider l'APW durant deux mandats, donc la région est encore sous le choc. Personne n'arrive à croire que le brave président de l'APW, celui qui ne sait pas dire non et qui a toujours payé de sa personne, soit mort, victime de l'absurde. Les gens se racontent encore la tragédie. Les uns disent qu'Aïssat aurait peut-être touché à des intérêts occultes, ce qui lui aurait valu la mort et d'autres vous disent que le terrorisme ne fait pas dans le détail dès qu'il s'agit d'une cible médiatique. Ce qui est certain, du moins à suivre les explications, des rares témoins qui arrivent à dépasser la frayeur et l'angoisse qui pèsent sur la Kabylie depuis ce funeste jeudi, c'est que le tueur est jeune et selon certains portait un dossard de la police. Sans doute, un dossard volé sur le corps d'un policier, victime peut-être lui aussi, de la folie meurtrière du Gspc. Seule l'enquête prise en charge par aussi bien la police que la gendarmerie et d'autres services de sécurité, fera la lumière sur les tenants et aboutissants de ce crime ignoble. Les sorties sur le terrain des forces de l'ordre semblent n'avoir rien donné, du moins en l'absence de bilan des forces de sécurité. L'on a juste appris que la forêt de Boumahni était, dès la nuit du crime investie par des unités de l'ANP et aussi certains endroits connus pour servir de lieux de refuge ou de passage aux éléments du Gspc, ont été bombardés depuis notamment la caserne du Pont noir, sise sur le CW128. Les riverains de ce massif forestier affirment que les «passages» autrefois souvent signalés des éléments terroristes se sont faits plus rares. Il est vrai que ces derniers ont fait ce qu'ils devaient faire et, comme ils le font habituellement, se sont empressés de quitter la région. L'assassinat d'Aïssat est, en fait, le second dans la région après celui de feu Radja Rabah, député FLN de la région de Maâtkas. L'on se souvient que Radja a été assassiné en juillet 2003 sur le CW 128, il était tombé dans un traquenard tendu par le Gspc. Cependant, c'est surtout l'assassinat d'Aïssat qui a remué les populations, car cet acte est intervenu après la loi sur la réconciliation et la paix, et dans une région qui aspirait à la tranquillité après avoir connu bien des souffrances liées aux violences du Printemps noir. Les citoyens ont retrouvé leur ancienne angoisse et se demandent quand ils vont revoir la tranquillité et la sérénité. Les élus et les formations politiques se sont ressaisis et ont démontré aux citoyens que face aux assassins, il faut savoir garder courage et aussi, ne jamais baisser la garde. C'est ce que les jeunes de la région essaient de mettre en pratique en ne changeant guère leurs habitudes en ce Ramadhan.