Une opportunité pour les autorités de la région de se débarrasser des travailleurs musulmans. Les bagagistes musulmans et plus particulièrement les Maghrébins, de l'aéroport de Roissy sont de nouveau dans le collimateur de la police française. Plusieurs dizaines de travailleurs musulmans se sont vu retirer leurs badges d'accès à la zone sous-douane de cet aéroport au motif qu'«ils menaceraient la sûreté de cette zone» selon la préfecture de Saint-Denis. Cette mesure s'appuierait, selon la presse, sur une enquête de l'Unité centrale de lutte antiterroriste qui a conclu que plusieurs personnes présentaient un «risque de vulnérabilité ou de discrimination sans réagir. Quatre d'entre eux ont déposé plainte auprès du tribunal administratif de Pontoise. Un référé en suspension de la décision du préfet de retirer leur habilitation pour cause de confession a été déposé, indiquent leurs avocats. Une autre plainte contre X a également été déposée pour discrimination». La même source affirme que des procédures de licenciement sont en cours car sans les badges, les bagagistes ne peuvent plus travailler. Des associations et des collectifs contre toute forme de discrimination ont dénoncé cet arbitraire tandis que la Cftc Air France a déposé un préavis de grève le 23 octobre pour protester contre cette gestion des badges. Les bagagistes maghrébins, dont plusieurs Algériens, sont eux sommés, selon les déclarations du sous-préfet, de «démontrer» qu'ils n'ont pas un comportement susceptible de porter atteinte à la sûreté aéroportuaire. Des travailleurs qui font les frais des mesures de lutte antiterroriste du plan Vigipirate et des exigences américaines en matière de sécurité dans les aéroports européens. Une opportunité pour les autorités de la région de se débarrasser des travailleurs musulmans, qu'ils soient porteurs de risques ou pas. L'amalgame entre Islam et terrorisme a apparemment de beaux jours devant lui. Mais l'Islam devient subitement fréquentable quand il sert les intérêts électoraux et les ambitions politiques. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a lancé, jeudi dernier, le projet de l'institut des cultures musulmanes pour 2011 dans le quartier de la Goutte d'Or (18e arrondissement). Cet institut qui comprendra un centre de recherches et de formation et une salle de prières pour un millier de fidèles, sera érigé sur les actuelles mosquée El Fath de la rue Palonceau et celle de la rue Myrrha. Pour la mairie de Paris ce sera la bonne occasion d'en finir avec la réputation de ces lieux qui furent, notamment celui de la rue Myrrha, le rendez-vous des islamistes algériens et où fut assassiné Abdelbaki Sahraoui (membre fondateur de l'ex-FIS) en 1995. L'actuel responsable de cette mosquée reste sceptique sur les intérêts désintéressés de ce projet, pour lui c'est encore «du marketing politique». Le maire de Paris ne cache pas, en effet, de transformer ce quartier, traditionnellement habité par les immigrés maghrébins, en un quartier plus «huppé». On comprend que les mosquées, dont les fidèles bloquent les rues le vendredi, ne soient pas du goût de Delanoë.