Quelques dizaines de personnes, dont une «majorité de musulmans», se sont vu retirer leurs badges leur permettant de travailler en zone sous-douane parce qu'elles présentent «une vulnérabilité pour la sûreté de l'aéroport», selon l'Unité centrale de lutte antiterroriste (Uclat). Selon le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), une centaine de personnes sont concernées par ces retraits de badges, depuis le mois d'août. Cette mesure suscite la colère d'employés et de syndicats qui dénoncent la «paranoïa» ambiante et ont porté plainte pour discrimination. L'habilitation délivrée sous forme de badge permet d'accéder à la «zone réservée», qui se trouve aux abords des pistes. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bobigny, dont dépend Roissy, à la suite du dépôt par le syndicat Cfdt d'une plainte pour discrimination au nom de bagagistes musulmans dont le badge aurait été retiré, selon le syndicat, en raison de leur religion. Six bagagistes ont par ailleurs ouvert cette semaine une procédure de référé au tribunal administratif contre la décision de la préfecture de Seine-Saint-Denis où se trouve l'aéroport. En avril dernier, Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF, droite nationaliste), dénonçait, dans un livre intitulé Les Mosquées de Roissy, l'existence de salles de prières officieuses et l'infiltration d'islamistes à l'aéroport. Quatre mois plus tard, le ministère de l'Intérieur annonçait que «tous les lieux de cultes officieux» avaient été fermés.«Depuis six ans que je travaille à Roissy, il n'y a jamais eu de problème, affirme Mohamed Seddiki, agent d'exploitation français d'origine tunisienne à qui l'on a retiré son badge début octobre. En juin, on nous a fermé notre salle de prière et maintenant on me dit que je suis un danger pour l'aéroport. Tout ça c'est de la paranoïa à cause du livre de De Villiers.» La préfecture lui a envoyé un courrier affirmant qu'il «présente un danger significatif pour la sûreté de l'aéroport».