Plus d'une quarantaine de bagagistes soupçonnés d'avoir une « pratique musulmane radicale » ont vu leurs badges d'accès aux aéroports parisiens retirés. Plusieurs d'entre eux ont déposé plainte pour « discrimination ». Le ministre de l'Intérieur assume son acte. C'est son choix et il l'assume. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a justifié, au nom de la sécurité, le retrait du badge d'accès de plusieurs dizaines de bagagistes des aéroports parisiens de Roissy et Orly. « Il y a 43 personnes à qui nous avons retiré l'habilitation. Il n'y avait là aucun délit de sale gueule. Il y avait des éléments précis qui nous amenaient à leur interdire l'entrée sur la surface d'un aéroport. Toutes les personnes qui travaillent sur les pistes dans les aéroports doivent être habilitées, c'est un problème de sécurité dont j'ai la responsabilité ». Quatre des bagagistes concernés ont saisi jeudi le tribunal administratif de Pontoise. Une plainte pour « discrimination » a été déposée auprès du procureur de la République de Bobigny au nom de la centrale syndicale CFDT. Les bagagistes seraient soupçonnés d'appartenir à des organisations islamistes radicales, sans autre précision. « Si ces gens pensent, et c'est leur droit, qu'on a été trop loin et qu'ils sont victimes de discrimination, qu'ils fassent valoir leurs droits devant les tribunaux. Moi je ne peux pas accepter que des gens qui ont une pratique radicale travaillent sur une plateforme aéroportuaire. Je préfère qu'on ai le risque d'un contentieux devant un tribunal parce qu'on a été trop sévère pour une habilitation, plutôt qu'on se retrouve avec un drame parce qu'on n'a pas été assez sévère. Tous les pays au monde font cela », tranche le ministre de l'Intérieur. Le sous-préfet chargé de la zone aéroportuaire de Roissy, Jacques Lebrot, estime que les personnes concernées par la mesure « menaçaient la sûreté d'une zone réservée » qui s'étend sur 2500 ha. « La décision de retirer leur habilitation a été prise après une enquête de l'Unité centrale de lutte antiterroriste (Uclat) qui a duré plusieurs mois et a conclu que ces personnes présentaient un risque ‘'de vulnérabilité ou de dangerosité'' pour la zone. Pour nous, quelqu'un qui va passer des vacances plusieurs fois au Pakistan, cela nous pose des questions », remarque Jacques Lebrot, selon qui plusieurs bagagistes ont séjourné dans « des camps d'entraînement ».