Il a terminé hier sa tournée marathon par les représentants de la société civile. L'ancien président de l'instance exécutive de l'ex-FIS à l'étranger, Rabah Kebir, a achevé hier sa tournée en allant à la rencontre de la société civile. Il retourne dès mercredi en Allemagne, le temps de voir comment les choses mûrissent. Invité par l'Union nationale du mouvement associatif et de la société civile (Unmasc), Kebir a tenté de développer les idées qui constituent son credo, lors d'un point de presse improvisé pour la circonstance ; idées qu'on peut synthétiser en deux points : réconciliation nationale et indépendance de la justice. Tout le reste en découle. La réconciliation nationale a atteint un point de non-retour. «Elle constitue le ciment de l'Etat». Par une tournure sémantique il suppose que «la peur qui vient d'envahir les coeurs de ses adversaires (de la réconciliation s'entend) les a mis sur la défensive», souligne-t-il, «mais il faut que chacun sache qu'on doit vivre ensemble car aucun décollage économique n'est possible sans stabilité politique. L'Algérie doit être construite par tous, sans exclusion ni marginalisation de quiconque». Kebir préconise une «charte de l'éthique en politique pour l'élite» parce qu'on n'a pas le droit de présenter «les belles choses et cacher leur côté hideux», dit-il ; cela nécessite une certaine «éthique et du courage politique». Il prône également une «réforme politique» dans le sens de plus de démocratie, plus de transparence, plus de liberté. Mais la question des élections législatives est inévitable. Pour Madani Mezrag, les anciens de l'ex-FIS vont se présenter sous les couleurs d'un autre parti. Ils vont, en quelque sorte, emprunter le contenant du parti de Boukhezna pour lui donner un contenu ou une âme. Kebir voit les choses autrement. Ses militants ont le droit de se présenter dans des listes de candidats indépendants ou sous d'autres couleurs politiques. Pour le moment, l'idée n'a pas encore pris son contour final, indique-t-il. Mais il croit dur comme fer à la création d'un parti politique. «Tous les gens que j'ai rencontrés disent que nous avons ce droit mais pas maintenant», lâche-t-il. «Les mentalités ont beaucoup évolué». Lors de la rencontre de vendredi dernier avec les anciens chefs de l'AIS à Aïn-Defla, il a trouvé «une maturité politique certaine chez ces derniers». La crise a son côté utile. Elle aura servi à avoir au moins une vision rétrospective sur les événements. Kebir lui-même a évolué. «Nous ne sommes pas pour un Etat religieux, comme nous n'avons jamais demandé la réhabilitation du FIS, nous voulons une République. Nous sommes partants pour la révision de la Constitution pourvu qu'elle touche aux fondements dont je viens de parler ; à savoir l'indépendance de la justice et l'égalité des chances entre tous les Algériens». Quant à la limitation des mandats, il ne voit pas l'utilité. Il rappelle ses péripéties en Allemagne quand les autorités ont voulu lui interdire toute activité politique. Il a fait appel à un avocat. La juge qui avait la charge du dossier a répondu sèchement aux représentants du ministère de l'Intérieur parce qu'ils n'avaient aucun fondement juridique. «Voilà la justice que nous voulons», lance-t-il.