Ce crime économique coûte plusieurs millions de dinars aux compagnies d'assurances nationales. A l'instar de toute activité économique, les assurances ne peuvent être épargnées de manoeuvres de fraude. Par voie de conséquence, elles se trouvent confrontées aux problèmes de la fraude devenue de nos jours, un fait social au même titre que la délinquance, la criminalité et la corruption le nouveau sport national. Cette forme d'escroquerie s'exprime en matière d'assurance automobile, notamment, par des déclarations inexactes et irrégulières à la souscription ou en cours de contrat, de faux vols, trafic de cartes grises, faux bris de glace et fausses déclarations de sinistre. Une autre forme de tromperie très répandue qui ne peut passer sous silence consiste à gonfler le montant des dommages. De ce fait, certaines fraudes supposent, le plus souvent, la complicité de tiers, voire des professionnels de l'automobile appelés à fournir des certificats de complaisance, de faux témoignages et même de fausses factures. On a toujours tendance à croire que ces actes de simulation se limitaient aux dégâts matériels, or à la grande surprise, on a appris, hier, que des compagnies se sont aperçues que le mal a pris des proportions alarmantes. Selon Abdelmalek Benlaribi, directeur de division et cadre dirigeant au niveau de la Société nationale des assurances (SAA), «la fraude s'élève, rien qu'au niveau de la SAA, à plus de cent millions de dinars par an régulièrement depuis 2001», dira-t-il. S'exprimant lors de la présentation du rapport de conjoncture relatif au second trimestre de l'année en cours, le responsable de la SAA a affirmé que la fraude existe dans toutes les branches d'assurances et a laissé entendre qu'elle «concerne toutes les compagnies d'assurances». Et quand on sait qu'il existe 15 sociétés d'assurances publiques et privées, faites vos comptes. Car certains assurés veulent tirer profit des compagnies d'assurances en provoquant des sinistres ou en déclarant de fausses pertes pour percevoir des indemnités. La fraude dans les assurances consiste, selon le même responsable de la SAA, essentiellement à surévaluer, en amont, la valeur des automobiles au moyen de fausses déclarations et «d'intervenir frauduleusement après l'accident» pour en aggraver les effets. En l'absence d'études fiables, il est cependant difficile pour les compagnies d'assurances d'appréhender le phénomène de la fraude à l'assurance même si l'idée de création d'une filiale de lutte contre la fraude a été avancée depuis plusieurs mois. Elle devait regrouper la Caar, la SAA et la Caat. A l'heure actuelle, seule la SAA a mis en pratique l'idée sous le programme «Alpha» destiné à la lutte contre la fraude en matière d'accident. La fraude aux assurances est évaluée à 40% selon les experts du Meda. Un taux jugé largement exagéré par le secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA), Abdelmadjid Messaoudi, qui l'estime à 6% seulement. A titre de rappel, au cours du premier trimestre 2006, les opérations menées par les services de lutte contre la fraude fiscale ont permis la récupération de 22,4 milliards de dinars. Les contrôles liés aux activités d'importation ont donné lieu à un redressement fiscal de plus de 77% du montant global du redressement fiscal réalisé durant les six premiers mois de 2005. Le phénomène de la fraude fiscale, néfaste pour l'économie nationale, engendre un manque à gagner de 600 milliards de dinars. Aussi, la situation est grave et il faut mettre la «holà». Quant au chiffre d'affaires réalisé par le secteur des assurances durant le second trimestre de l'année, celui-ci a atteint les 10,9 milliards de dinars alors qu'il était de 10,2 milliards pour la même période de 2005, soit une progression de 6,9%. Par type d'assurance, ce sont la branche «automobile et assurance de personnes» qui ont réalisé les meilleures performances avec des taux de croissance de 14% et 16,4% respectivement. Mais le record est réalisé par l'assurance crédit-interne avec plus de 365% dû essentiellement à la souscription des nouveaux contrats avec les établissements financiers privés dans le cadre du crédit à la consommation. Cependant, la branche Iard (incendies, accidents et risques divers) a enregistré une régression de -1,1%. Mais c'est l'assurance agricole qui détient la plus mauvaise note avec une régression de -16,1%. Sur un autre registre, il y a lieu de signaler la nomination de M.Amar Latrousse, président-directeur général de la SAA, à la tête de l'Union des assurances et réassuraces (UAR) en remplacement de Djendi, président directeur-général de la Caat. Sur un autre registre, des «portes ouvertes» sur les assurances seront programmées les 14,15 et 16 novembre à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma avec pour thème «à l'écoute du client».