Le nombre de morts dus aux accidents de la route est l'équivalent de deux tremblements de terre. Les accidents de la route causent des pertes estimées à plus de 100 milliards de dinars au Trésor public. Les compagnies d'assurances dépensent 30 milliards de dinars pour la seule branche automobile sur un total de 55 milliards couvrant toutes les autres formes de «sinistralité» pour 50.200 sinistres. Les 4 200 décès enregistrés annuellement sur nos routes et que les compagnies d'assurances doivent couvrir représentent l'équivalent de deux tremblements de terre. Ces chiffres et ces constats ont été avancés hier par le président-directeur général de la Société algérienne des assurances (SAA) et président de l'Union des assureurs et des réassureurs (UAR), Amara Latrous. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III, Amara Latrous a estimé que «ce sont des chiffres énormes que nous aurions pu, peut-être, économiser» avant de regretter «hélas, il n'y a pas que les dépenses des compagnies d'assurances. Evidemment, il y a le reste, il y a les dépenses de la sécurité sociale, les soins dispensés dans les hôpitaux et tout ceci devrait représenter annuellement plus de 100 milliards de dinars». En dépit d'un chiffre d'affaires de 47 milliards de dinars réalisé par les compagnies d'assurances en 2006, l'invité de la Radio nationale a déclaré que le secteur ne peut plus continuer à supporter le nombre des accidents. D'autant plus que «la fraude aux assurances s'élève, rien qu'au niveau de la SAA, à plus de cent millions de dinars par an régulièrement depuis 2001», avait déclaré Abdelmalek Benlaribi, directeur de division et cadre dirigeant au niveau de la SAA. Le responsable de la SAA avait affirmé que la fraude existe dans toutes les branches d'assurance et a laissé entendre qu'elle «concerne toutes les compagnies d'assurances». Et quand on sait qu'il existe 15 sociétés d'assurances publiques et privées, faites vos comptes! La fraude dans les assurances consiste, selon le même responsable de la SAA, essentiellement à surévaluer, en amont, la valeur des automobiles au moyen de fausses déclarations et «d'intervenir frauduleusement après l'accident» pour en aggraver les effets. Aussi, le P-DG de la SAA préconise une nouvelle politique de prise en charge. «Il faut que les acteurs concernés, les pouvoirs publics, les compagnies d'assurances, les centres de prévention routière et les services de sécurité travaillent ensemble pour trouver les solutions les plus efficaces en matière d'actions à mener», précisera-t-il. En termes plus clairs «plus on évitera les accidents, moins on payera». Dans ce registre, Amara Latrous soulignera que l'Algérie est l'un des rares pays au monde à avoir adopté un système d'indemnisation «no fault» qui consiste à rembourser tous les accidents quelles que soient les responsabilités des uns et des autres. Pour y remédier, le président de l'UAR estime qu'il y a urgence à «rééquilibrer l'assurance automobile». Une exigence refusée par les pouvoirs publics qui estiment que les compagnies d'assurances gagnent beaucoup d'argent dans les assurances des dommages et de ce fait «celles-ci devraient faire des compensations» pour les pertes qu'elles subissent en responsabilité civile obligatoire. «A notre sens, ce n'est pas un argument valable à faire valoir», rétorque le patron de la SAA. Ce dernier souligne, en outre, que toutes les compagnies d'assurances «appliquent le bonus et le malus», et de regretter le fait qu'avec ces accidents coûteux, «le secteur donne malheureusement plus de bonus qu'il ne perçoit de malus». Interpellés sur la possibilité de savoir si les compagnies iront jusqu'à refuser une police d'assurance même aux véhicules neufs qui pourraient avoir des anomalies techniques, M.Latrous dira que «les compagnies d'assurances ne sont pas là pour contrôler si le véhicule est en état de rouler ou pas». Sur ce point, il jette la balle aux pouvoirs publics en affirmant que «S'il est prouvé aujourd'hui que les véhicules neufs enregistrent des défaillances techniques et ne devraient pas en conséquence rouler, alors il est du ressort des autorités compétentes de procéder au retrait des papiers». Quant à l'éventualité de prendre part à l'élaboration de textes relatifs au code de la route, l'idée semble avoir l'aval du P-DG de la SAA.