Comme attendu, la visite à Alger du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, à l'invitation du Président Bouteflika, a été une nouvelle occasion d'approfondir la concertation et de coordonner les positions, en vue d'insuffler une nouvelle dynamique aux relations de coopération existantes. Ces mêmes relations, selon certains observateurs, ont enregistré un saut quantitatif et ce, en faveur de la visite à Tunis, en juin 2000, du Président Bouteflika. Les entretiens entre les deux présidents ont, de toute évidence, et selon leurs déclarations respectives, gravité autour d'un certain nombre de questions d'intérêt commun sur le plan maghrébin, arabe et international. En outre, cette visite intervient dans un nouveau contexte et de nouvelles données, notamment le sommet arabe prévu fin mars à Beyrouth, la réunion des chefs d'Etat des pays de l'UMA en juin prochain, ainsi que les événements qui ont marqué la scène mondiale après les attentats du 11 septembre dernier et leurs implications sur les pays arabes. Le Président Bouteflika devait déclarer dans ce sens, lors d'un toast offert en l'honneur du président tunisien, que «le parachèvement de l'édification de l'unité du Maghreb arabe est un choix stratégique incontournable, notamment dans le contexte des mutations mondiales actuelles». Evoquant l'Union maghrébine et les objectifs inhérents à sa réalisation, le Président Bouteflika a préconisé «l'établissement de relations économiques intenses entre les pays du Maghreb arabe», rappelant, à ce titre, que «la région maghrébine s'achemine vers des échéances importantes pour consolider les structures de l'Union maghrébine, concrétiser sa présence, renforcer sa crédibilité aux yeux de nos peuples et l'imposer en tant qu'entité équilibrée et viable aux plans régional et international». Prenant la parole lors du dîner offert en son honneur, le président Ben Ali devait déclarer avec conviction, tout en rappelant «les liens historiques, allant au-delà du simple voisinage, de la proximité, de l'histoire et de l'avenir commun», que cette visite «témoigne de la communion et du sang versé en commun que symbolise Sakiet Sidi Youssef». Comme pour perpétuer le souvenir de la lutte commune, le président tunisien a annoncé sa décision de «faire de l'ancien quartier général du commandement de la Révolution algérienne dans la ville tunisienne de Ghardimaou, un musée de la mémoire commune de nos deux peuples afin qu'il demeure pour toujours le témoignage de la fraternité algéro-tunisienne». Dans son allocution, le président tunisien évoquera «de hauts faits et enseignements, riches en mouvement de réforme et de modernisation qu'ont connus les deux pays frères» et ajouté que ces derniers «aiguisent la foi en l'avenir commun et stimulent leur attachement à une solidarité et à une coopération accrue». Par ailleurs, il a tenu à souligner «l'importance que revêt la régularité des réunions de la grande commission mixte ainsi que les diverses commissions sectorielles et les groupes de travail spécialisés et le suivi de leurs résultats en vue de promouvoir les domaines de la coopération bilatérale et d'en diversifier les contenus». Confirmant la volonté de la Tunisie à intensifier les échanges commerciaux, il a déclaré: «Nous avons enregistré une évolution continue des échanges commerciaux au cours de ces deux dernières années, nous aspirons, de notre côté, au renforcement de ces résultats et à l'instauration d'un nouveau cadre juridique préférentiel tenant compte des opportunités offertes aux opérateurs des deux pays et préparant les conditions propices à la création d'une zone de libre-échange». L'évaluation de la coopération bilatérale et son adaptation aux nouvelles données suivant les mutations enregistrées par les deux pays feront l'objet de moult rencontres entre la délégation ministérielle et les hommes d'affaires qui accompagnent le président tunisien avec leurs pairs algériens. La situation des sociétés mixtes au niveau des frontières sera étudiée par les deux parties dans la perspective d'une augmentation du volume des échanges commerciaux et de la coopération entre les deux pays. A titre informatif, il est à noter que, durant l'année 2000, le volume des échanges commerciaux bilatéraux a totalisé 100 millions de dollars. Parmi les questions inscrites à l'ordre du jour et qui seront sanctionnées par la signature de conventions après des concertations entre les deux parties, celle relative à la délimitation des frontières maritimes a fait l'objet, avant-hier, au siège de la présidence de la République, d'une signature d'une convention et d'un protocole de coopération entre les deux pays. La convention entérinée simultanément par M.Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères, et M.Habib Benyahia, ministre tunisien des Affaires étrangères, s'est déroulée en présence des deux chefs d'Etat tunisien et algérien et des membres de la délégation qui les accompagne. La convention porte sur les dispositions de délimitation des frontières maritimes algéro-tunisiennes alors que le protocole de coopération concerne les petites et moyennes entreprises. Entrant dans le cadre de la visite d'Etat, le président Zine El-Abidine Ben Ali accompagné de M.Benflis, Nouredine Boukrouh, respectivement Chef du gouvernement et ministre de la Participation et de la Coordination des réformes, a visité la base centrale de logistique de l'Armée nationale populaire de Beni Mered. A son arrivée à la base, le président tunisien a été reçu par le général de corps d'armée, M.Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP. Après avoir salué les couleurs nationales, M.Zine El-Abidine Ben Ali a passé en revue un détachement des unités de l'ANP qui lui ont rendu les honneurs et salué les officiers supérieurs dont le commandant des forces terrestres, le chef de la 1re Région militaire et le directeur de la base. Une allocution a été prononcée par ce dernier dans laquelle il a souhaité «la bienvenue au président et à la délégation qui l'accompagne» qualifiant cette visite «d'événement important dans l'histoire de la base et de soutien aux relations entre les deux pays et leurs forces armées».