Les démocrates, forts de leur victoire, ont immédiatement réclamé un changement de stratégie en Irak. Près de 3000 soldats tués depuis le déclenchement de la dernière guerre en Irak et plusieurs milliards de dollars engloutis par semaine au détriment du contribuable américain. En sus de la série de scandales qui ont éclaboussé l'administration Bush et dans lesquels sont impliqués ses proches collaborateurs, la CIA et l'armée américaine. Les prisons secrètes de la CIA, la torture à Abou Ghraib en Irak, à Guantanamo, ainsi que l'enlisement de l'armée américaine dans le bourbier irakien, n'ont pas manqué de susciter un mécontentement croissant parmi la population américaine. L'attitude de l'administration Bush, aussi bien au Conseil de sécurité que sur le terrain des hostilités par rapport au dossier palestinien, est considérée par la majorité des Américains comme étant à l'origine de la menace terroriste persistante contre leur pays. Les événements du 11 septembre n'ont été en réalité que le début d'une longue période d'instabilité. Les démocrates, forts de leur victoire lors des élections parlementaires de mardi dernier, qui ont, d'ailleurs, viré au référendum sur la guerre en Irak, ont immédiatement réclamé un changement de stratégie dans ce pays. «Les Américains ont vu et finalement compris que ce que nous sommes en train de faire en Irak ne fonctionne pas et qu'il nous faut à tout prix changer de cap», a déclaré Rahm Emanuel, un parlementaire démocrate qui a aidé à forger la stratégie victorieuse du parti. Pour sa part, Nancy Pelosi, qui devrait devenir la première présidente de la chambre basse du Congrès, a affirmé que «les Américains ont voté, aujourd'hui, pour un changement et pour que les démocrates fassent prendre une nouvelle direction à notre pays». Les Américains ont été très clairs: ils estiment q'un changement s'impose en Irak. A noter que le mois d'octobre dernier a été l'un des mois les plus meurtriers pour l'armée américaine depuis l'invasion de mars 2003, avec plus de 100 soldats tués et un revers militaire. Persister dans la politique actuelle au Proche-Orient, affirme Pelosi, «n'a pas rendu notre pays plus sûr, n'a pas honoré nos engagements envers nos soldats, et n'a pas renforcé la stabilité de la région». En outre, les gouvernements irakien et américain ne sont pas parvenus à occulter les discordes croissantes sur la meilleure manière de mener le pays. Nous ne pouvons pas continuer dans cette direction qui s'est révélée catastrophique. Et donc, nous disons au président (George W.Bush): M.le Président, il nous faut une nouvelle politique sur l'Irak. Travaillons ensemble pour trouver une solution. George W.Bush a continuellement fustigé les démocrates qui, selon lui, n'ont pas de «plan pour la victoire» dans ce pays. Le président du parti démocrate, Howard Dean, a jugé que les électeurs avaient donné un mandat clair aux élus, «un mandat pour faire les choses autrement en Irak». Mais la majorité à la chambre des représentants, voire même le contrôle du Congrès, ne confèrent pas de véritable marge de manoeuvre au parti démocrate, la conduite de la guerre étant l'affaire de l'Exécutif. Il convient de rappeler que le poids de l'électorat musulman, ainsi que les Américains d'origine arabe, ont largement pesé dans les dernières élections. La preuve, pour la première fois, un musulman fait son entrée au Sénat américain.