Plus que jamais la «communauté internationale» se trouve au pied du mur, interpellée par la série de tueries des Palestiniens dans les territoires occupés. De nouveau, les Palestiniens et les Arabes se retournent vers le Conseil de sécurité dans l'espoir qu'il rendra, enfin, justice à une population palestinienne depuis trop longtemps victime des exactions israéliennes dans le silence complice des uns, pusillanime des autres. Mais les uns comme les autres sont effrayés par l'accusation d'antisémitisme et ferment les yeux sur toutes les provocations et exactions d'Israël et les tueries de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Pourtant, le massacre d'enfants et de femmes, un de plus, commis par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza ne peut pas, ne peut plus, passer par pertes et profits. A Beit Hanoune, l'armée israélienne qui a délibérément tiré à l'artillerie sur des habitations civiles, au petit matin alors que la population dormait, a commis un crime de guerre dont, d'une manière ou d'une autre, Israël doit rendre compte. Les Palestinien et les Arabes, qui ont porté l'affaire devant le Conseil de sécurité, attendent de l'ONU, une condamnation ferme, claire et sans nuance de la barbarie israélienne. Mais il est peu probable, une fois encore, que le Conseil de sécurité se hisse à la hauteur des événements et remette le dossier palestinien dans son contexte véritable, celui de l'occupation des territoires palestiniens par Israël qui a induit une résistance que l'Etat hébreu a beau jeu de qualifier de «terrorisme». De fait, l'ambassadeur américain auprès de l'ONU, John Bolton, prenant les devants a, comme à l'accoutumée, ressorti l'antienne du «droit d'Israël» à se défendre alors qu'à Washington, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, indiquait, de son côté, que «les résolutions à sens unique ne sont pas vraiment le moyen le plus productif de traiter de la question palestinienne» feignant d'ignorer que depuis quatre décennies, toutes les résolutions ont été à sens unique en faveur d'Israël qui n'a jamais été condamné pour les innombrables crimes commis à l'encontre des Palestiniens dans les territoires occupés. Lors du débat de jeudi au Conseil de sécurité, le représentant palestinien auprès de l'ONU, Ryad Mansour, a demandé «une enquête sur le massacre» de Beit Hanoune, et a réclamé le déploiement «d'une force d'observation de l'ONU pour surveiller un cessez-le-feu» dans la perspective de sa conclusion entre Israéliens et Palestiniens. M.Mansour a, par ailleurs, affirmé qu'«il doit être mis fin au comportement illégal et à l'impunité d'Israël et le peuple palestinien doit se voir accorder ses droits, y compris son droit à la protection en tant que population civile sous occupation». Le représentant palestinien a, d'autre part, ajouté: «J'appelle les membres du Conseil à adopter cette résolution dès que possible. J'espère que cette fois, le Conseil ne va pas laisser tomber notre peuple». Par ailleurs, dans le cadre du débat autour du projet de résolution déposé par le Qatar, unique membre arabe du Conseil de sécurité, plusieurs pays ont appelé à un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens et à l'envoi d'une force de l'ONU pour le contrôler. En formulant la demande d'une «condamnation forte» de la bavure israélienne, les pays arabes ne font là qu'un voeu qui a peu de chance de passer le veto américain. Washington ayant annoncé la couleur de ce que sera son vote, au cas où la résolution trouverait un fort soutien parmi les membres du Conseil de sécurité, en avançant une fois de plus le «droit d'Israël à se défendre», alors qu'Israël poursuit son occupation des territoires palestiniens, occupation qui est la cause première des drames qui se perpétuent en Cisjordanie, dans la bande de Ghaza et en Israël même. Lors du débat public, Ryad Mansour a indiqué à propos des tueries de Beit Hanoune, «c'est du terrorisme d'Etat. Il s'agit de crimes de guerre, dont les auteurs doivent être tenus responsables selon le droit international». Daniel Carmon, représentant adjoint d'Israël auprès de l'ONU, a affirmé, pour sa part, que «le terrorisme du parti palestinien Hamas» en était le véritable responsable, (...). Si le terrorisme palestinien ne continuait pas à cibler les Israéliens, si les roquettes Qassam cessaient d'être tirées à partir de Ghaza vers Israël, ‘'l'incident'' de Beit Hanoune ne se serait jamais produit, a-t-il ajouté. Sans doute, mais si Israël s'était conformé aux résolutions 242, 338 et 425 de l'ONU, exigeant toutes le retrait d'Israël des territoires palestiniens, il n'y aurait pas eu de résistance, et partant, pas de «terrorisme». Or, si de telles tragédies perdurent au Proche-Orient, c'est bien parce qu'Israël veut la paix sans céder les territoires, alors que les territoires sont le noeud gordien du contentieux israélo-palestinien. Que va faire le Conseil de sécurité, va-t-il enfin prendre réellement en charge le dossier proche-oriental pour donner aux Palestiniens d'édifier leur Etat indépendant, leur donnant d'appliquer la résolution 181 du 29 novembre 1947 sur le partage de la Palestine historique, il y a exactement 59 ans? N'est-il pas, enfin, temps que la «communauté internationale» rende raison aux Palestiniens?